Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 février 2001 3 28 /02 /février /2001 16:45

 

 

Un documentaire passionnant : "Histoire de l'Angola" du réalisateur Zézé GambaPas facile de retracer la complexe histoire de l'Angola. Zézé Gamba retrace dans ce film les contradictions inhérentes à bon nombre de pays africains : trop pauvres parce que trop riches !

Voir l'article ? Catherine Gheselle

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 février 2001 3 28 /02 /février /2001 16:21

Maangamizi ou l'appel des ancêtres. Un film tanzanien de Martin Mhando et Ron Mulvihill

C'est au cours de ma mission au Fespaco que j'ai découvert ce film assez novateur.

Voir l'article ? Catherine Gheselle

Pour en savoir plus, vous pouvez aussi vous connectez sur le site de la société de production Grisgris films

Partager cet article
Repost0
11 février 2001 7 11 /02 /février /2001 19:29

"Le chauffeur du député"

Voir l'article Catherine Gheselle

Partager cet article
Repost0
11 février 2001 7 11 /02 /février /2001 19:27


"Article 15 Bis"

Voir l'article ? Catherine Gheselle


 

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2000 6 22 /01 /janvier /2000 08:54
Les années qui ont suivi la première guerre mondiale ont été pour l’Allemagne une époque de profond désespoir et d’hystérie. Une grande pauvreté côtoyait une nouvelle richesse. Il y avait à cette époque une affiche dans Berlin qui résumait l’angoisse régnant en Allemagne. Elle titrait : « Berlin ton cavalier c’est la mort ». La masculinité en crise transparaît beaucoup dans le cinéma de cette époque. Cette crise est liée aux mutations sociales engendrées par le contexte historique. La libération de la femme vient y ajouter une dimension supplémentaire. Cette libération est aussi une des conséquences de la guerre. C’est dans ce contexte que « Der müde tod » fut réalisé. Nous ne nous lancerons pas à travers cette étude dans le sempiternel débat concernant l’appartenance ou pas de l’œuvre au registre expressionniste, cette problématique ayant été maintes fois exprimées de différentes façons dans la plupart des écrits relatifs à ce film (Kracauer, Lotte Eisner et Lang lui-même pour ne citer que les principaux antagonistes). Nous n’irons pas non plus explorer les thèmes du destin, de l’attrait de la mort, ni le contexte catholique lié au romantisme allemand pas plus que nous n’entamerons de débat sur l’appellation «ballade populaire allemande », ces thèmes ayant déjà fait couler beaucoup d’encre, quel serait l’intérêt de tenter d’y ajouter une dimension supplémentaire ? L’analyse portera sur l’examen des représentations féminines et masculines dans l’œuvre et lorgnera du côté des représentations sociales.

 

La mort est représentée par un personnage masculin. Il est vrai que la traduction allemande transforme le genre car « der müde » est un nom masculin. La mort veut séparer un jeune couple fou d’amour, affichant un réel optimisme qui fait contraste avec l’état d’esprit  de la population allemande de 1921.

Les personnages sont très vite inscrits dans la fiction. Nous prenons à peine connaissance avec le jeune couple que la mort les rejoint. Le trio fait également très rapidement la liaison avec les notables de la ville. Les personnages sont à peine installés que les actions démarrent. Ainsi Lang semble supposer que ce ne sont pas tant les personnages qui sont importants mais plutôt les actions qui seront menées pour la résolution finale. D’ailleurs, activant encore ce mode de fonctionnement, Lang fera disparaître très rapidement le fiancé, non pas pour se concentrer sur la psychologie du personnage féminin mais pour nous donner à voir son combat.

 

Les notables se rencontrent à la « Licorne d’or » dont l’enseigne renforce l’aspect fantastique et irréel du film par sa représentation fabuleuse (un dragon et une licorne). Les bourgeois sont présentés lors du repas et nous pouvons lire à travers la façon dont ils s’alimentent en se pourléchant et en grimaçant ou sortant complètement ivres de l’auberge, une certaine critique sociale. Il est à noter que l’apothicaire et le veilleur de nuit ne sont pas présents dans l’établissement. L’apothicaire sauvera la jeune fille de l’empoisonnement, averti en quelques sortes par le tocsin du veilleur de nuit. Le notaire voit des coulées de bougies se répandre sur ses mains. Ce détail peut s’inscrire comme la présence de la mort qui guette. Le cœur de leurs discussions s’alimente de la présence de l’étranger, c'est-à-dire de la peur de l’autre, l’essence même du racisme. La présence de la femme est d’ores et déjà associée à la mort. En effet le plafonnier composé de bougies et agrémenté d’une statuette représentant une femme qui surplombe de fait cet univers masculin. Il n’y a pratiquement que des hommes dans cet établissement, les femmes étant condamnées au fourneau. La jeune femme, quant à elle, ne restera pas très longtemps dans la salle et rejoindra rapidement les cuisines, exclue de la sphère masculine par la mort. Auparavant, on aura remarqué que la coupe nuptiale est à l’effigie d’une femme. Peut on y voir la volonté de réduire la femme pour démystifier la peur que l’homme à d’elle ? Il est intéressant de noter que le jeune couple, semblant visiblement en voyage de noces, n’a sans doute pas eu encore l’occasion d’une relation sexuelle. La tradition oblige le jeune homme à boire sous la jupe de la statuette, c'est-à-dire symboliquement à approcher la zone sexuelle et c’est après cet épisode que le jeune homme disparaît, comme s’il n’était pas prêt à accomplir l’acte charnel.

 

Les notables se méfient de l’étranger mais pas de son argent. Ainsi a-t-il pu, malgré le peu de sympathie que lui portent les bourgeois, acheter le terrain longeant le cimetière car il en proposait une très coquette somme. Lang révèle encore un trait caricatural de la bourgeoisie, son amour pour l’argent, envers et contre tout.

 

Lorsque la jeune fille reparaît des cuisines, son fiancé à disparu. Alors qu’ils devaient sceller leur union, il s’enfuit devant ses responsabilités. Nous constatons que le verre de la mort est déplacé. Il est maintenant à la place qu’occupait la jeune femme, signe en st qu’il y a eu rapprochement entre les deux hommes. Nous pouvons supposer que le jeune homme, attiré par l’autre homme, a suivi ce dernier. Il a donc préféré substituer sa relation avec une femme par un rapprochement masculin où il pourra peut-être confier sa responsabilité, celle de ne pas savoir aborder la relation féminine.. On remarquera que c’est la femme qui a peur de la mort et non l’homme. C’est elle qui a vu la menace, qui a remarqué la mutation du verre en sablier.

 

Tout le but du jeu va être de montrer à quel point la femme est combative jusque dans la non-acceptation de la mort. Les rôles sont donc inversés : l’homme est enlevé et la femme se bat pour le retrouver. Lang en opérant de la sorte peut insinuer que la femme est plus combative, moins soumise que l’homme au poids du destin, de ce que certains appellent destin et qui est en fait dans le film le malaise non surmonté d’une crise d’identité. On ressent bien dans la disparition de l’homme l’évocation d’une crise de masculinité et le refuge de la relation homosexuelle. Ce n’est pas la femme qui est enlevée par la mort car celle-ci est perçue comme plus équilibrée et plus apte à mener un combat avec force et détermination. Ainsi la jeune femme ne jugera jamais impossible de lutter contre la mort. Ce qui est important n’est pas de savoir si les actions vont réussir mais de se battre jusqu’au bout. Voila pourquoi la phrase lue chez l’apothicaire dans le « cantique des cantiques », « l’amour est fort, aussi fort que la mort » se transformera selon la volonté de la jeune fille qu’elle confirmera à la mort : « je crois que l’amour est plus fort que la mort ».

 

Les autres histoires (qu’elles soient ou non en contradiction avec la notion de ballade populaire allemande, qu’elles fonctionnent ou non comme les « tiroirs » du récit, qu’elles fassent ou non références à la construction d’ « Intolérances » de Griffith, encore une fois nous ne voulons pas refaire les commentaires par cent fois épuisés) sont autant de combats de femmes.

 

Zobéïde cache son amour pour un incroyant. Elle est exposée à la tyrannie de la religion et du pouvoir masculin. Aïcha, prolongement de Zobéïde à l’extérieur du palais, va tenter elle aussi de contourner la dictature masculine. Mais le jeune franc n’échappera pas à la cruelle torture. Ainsi, dans cet épisode oriental, deux femmes se sont battues pour la liberté d’un homme jeune et inexpérimenté, espèce de victime du système Elles tentent de s’opposer au poids des traditions religieuses et à la prédominance de la race masculine mais en vain. Néanmoins elles auront combattu. Les hommes, eux, ne savent que détruire.

La présence du jeune homme au palais est une marque de son irresponsabilité qui lui vaudra la mort et qui permettra au Calife de persécuter Zobéïde par sa cruauté. L’acte inconsidéré du jeune européen renfore la main mise de la pression masculine sur la jeune femme. Il est à noter que la mort, illustré par le jardinier El mott ne provoque pas les choses. Il ne fait qu’exécuter les ordres que Dieu décide. Ainsi Dieu est assimilé à un Calife cruel et inhumain. La mort est fatiguée de devoir remplir d’aussi horribles missions. Car nous ne parlons dans ce film que de la mort injuste, du crime. Le film n’exprime pas la peur de la mort qui intervient normalement à la fin de la vie; il s’insurge contre la cruauté des hommes et démonte l’idée d’un Dieu juste et bon.

 

A Venise, le peuple déambule joyeux dans les rues. C’est le carnaval. Les jeunes femmes sur les chars fleuris affichent leur nudité, comme symbole de la liberté. A son balcon, tout de noir vêtue, Mona Fiametta regarde avec envie ces heureuses processions. Giovan Francesco représente l’amour et la liberté qu’elle ne connaît pas. Girolamo symbolise tout l’inverse : haine et emprisonnement Fiancée de force à Girolamo, Mona Fiametta est encore une victime de l’oppression masculine. De plus elle est prisonnière d’un système bourgeois qui la prive des fêtes de la rue. Pour se libérer de sa condition, elle dresse un plan visant à éliminer Girolamo. Mais employer les méthodes masculines ne libèrent pas. En utilisant les plans machiavéliques propres aux tyrans, Mona Fiametta tue Giovan Francesco, symbole de sa liberté et de son amour. De toutes façons, qu’elle utilise ou pas les cruelles méthodes masculines pour arriver à ses fins, la femme est condamnée à souffrir et n’arrive jamais à être heureuse. L’esclave maure que commandite Mona Fiametta se transforme en représentant de la mort assimilant ainsi les deux personnages comme victimes de l’exploitation : le maure comme esclave de Mona Fiametta et la mort comme esclave de Dieu.

 

L’épisode chinois, dernière chance pour la jeune femme de retrouver son fiancé, nous conte encore une fois l’histoire d’un tyran imbu de son pouvoir. A ce dictateur va être confronté la lâcheté d’un  homme qui est pourtant magicien. L’homme a les moyens de changer la réalité mais par faiblesse il préfère la domination. La baguette magique n’est en effet que la métaphore de la volonté, du courage et de la combativité, preuve en est le premier tour de passe-passe qui fait jaillir du petit coffre une armée de combattants. Elle représente la liberté comme ce petit cheval qui peut s’envoler dans les airs. Mais la peur rend l’homme faible et le magicien ne tente pas de sauver le jeune couple.

Un spectateur pense que cela va encore coûter beaucoup d’argent tout comme la guerre de 14-18 a été pour l’Allemagne un gouffre financier. Cette remarque qui n’apporte rien à la narration présente est évidemment un reproche cynique à l’économie allemande.

Les petits soldats, une fois leur numéro terminé, deviennent des figurines de plomb qu’on jette dans le coffre. Qu’est donc l’homme à part une machine à tuer ? Rien ? C’est l’interrogation qu’on peut lier dans cet épisode. Les forces supérieures se servent des hommes comme machines de guerres et les laissent à leur misère une fois ces dernières achevées.

Le jeune Liang a un acte de courage en enlevant sa fiancée mais il est bien vite rattrapé. Alors, malgré le nombre et la force des soldats, Tsia Tsien se rue sur eux. Elle ne craint pas non plus de repousser l’empereur avec une dérisoire aiguille à cheveux. Ahi tente, pour sauver sa vie, d’infléchir le refus de Tsia Tsen en évoquant la puissance financière de l’empereur. Le bien matériel n’intéresse évidemment pas la jeune femme. Elle réclame sa baguette magique, ce qui laisserait entendre qu’elle lui appartenait auparavant. En transformant Ahi en cactus par mégarde elle prend conscience de la chance qui lui est donnée par la baguette magique de pouvoir sauver son fiancé. Ainsi le magicien est transformé en épouvantable et immobile symbole phallique, les gardes sont transformés en porcs précisant ainsi le regard que porte cette jeune femme sur la gent masculine. « Voila ce qu’ils sont réellement » semble-t-elle dire. Hélas, l’éléphant n’est pas rapide et le choix de cet animal pour la fuite n’est pas fort judicieux. La jeune femme est complètement le moteur de cette fuite, son compagnon semble absent de toutes initiatives. La jeune femme va même jusqu’à écarter les branchages dans un chemin pour que son ami puisse passer sans être gêné. Il est vrai que c’est elle qui possède la baguette magique. La castration qu’elle a opérée sur Ahi en lui ôtant sa baguette, symbole de son pouvoir, lui confère donc la représentation de la masculinité. La mort arrive sur son cheval magique. Tsia Tsien se transforme en statue de pierre et fait de son compagnon un tigre féroce. Mais le félin en question ne désire pas repousser une quelconque attaque et se couche paisiblement aux pieds de sa bien-aimée. La représentation de la masculinité est en crise. Alors le tigre meurt et la statue, condamnée tout comme la mort à l’éternité, laisse une larme couler sur sa joue de pierre. Le long combat de la femme fut vain une fois encore devant l’adversité du pouvoir masculin.

 

Les trois lumières ont fait office d’écran cinématographique pour la mort et la jeune fille. Après le visionnement de ces trois récits, la mort prend à témoin la jeune fille pour accuser son dégoût. S’il est l’éternel invincible, c’est par la cruauté des hommes. Mais la jeune fille garde encore espoir. Elle ne baisse pas encore les bras comme le personnage masculin de la mort. Plus humain que tous les personnages masculins que nous avons rencontrés, la mort, sensible à l’acharnement de la jeune fille, lui donne encore une dernière chance.

 

Elle se réveille chez l’apothicaire et, pour la première fois, semble vouloir abandonner le combat et s’apprête à boire une potion empoisonnée. Mais l’homme arrive à temps pour la sauver. Dans son hystérie, la jeune femme lui réclame sa vie mais le vieux pharmacien ne cède pas à sa demande. Le mendiant, tout comme les vieillards de l’hospice, refusera également de faire don de sa vie. Il semble pour eux préférable de souffrir et de vivre mal que de mourir. L’hospice prendra feu sur cette constatation. L’enfant resté à l’intérieur pourrait lui rendre son fiancé mais elle ne peut se résoudre à le donner à la mort. « Je n’ai pas pu te vaincre à ce prix » dit-elle. Ce bébé représente aussi celui qu’elle n’aura pas eu de son fiancé. La jeune femme se suicide alors sous les auspices de la mort qui la réunit à son fiancé. Tout comme dans « Liliom » les corps se sauvent de leur enveloppe charnelle et les deux jeunes gens peuvent enfin se rejoindre.

 

Les guerres créent des différences insensées entre les hommes et les femmes. Le film nous montre comment une femme (et à travers elle d’autres femmes) va tenter de combler le fossé de ce dysfonctionnement. Les personnages masculins mis à mal dans le film sont soit des tyrans soit des êtres immatures. Pour les premiers, la femme est réduite à un objet tandis que les seconds ont peur de sa sexualité. Mais n’importe comment, la femme luttera toujours jusqu’au bout pour refuser cette alternative. Le but premier de cette représentation féminine est sans doute un hommage de Lang et de Théa von Harbou à la femme de soldat à la femme de soldat qui a bien dû combattre seule pendant que son mari se faisait tuer sur les champs de bataille. Plus globalement le film retrace donc une belle histoire de femmes. Peu importe qu’elle n’ait pas réussi à retrouver son fiancé vivant car le film insiste surtout sur le combat et non pas sur son issue.

 

Catherine Gheselle

 

Der Müde Tod (Les trois lumières – Un chant populaire en 6 strophes) 1921

Scénario : Thea von Harbou, Fritz Lang

Dir. De la photographie : Eric Nitzchmann, Hermann Saalfrank, Fritz Arno Wagner

Interprètes : Lil Dagover (la fiancée), Walter Janssen (le fiancé), Bernhard Goetzke (la mort)

 

 

 



Partager cet article
Repost0
23 mai 1998 6 23 /05 /mai /1998 11:06
Pieds de nez aux structures de récits classiques

Dissections de "Meat love"     

Pour Meat Love (1 mn), on ne reconnait pas d'incident déclencheur (ni même d'os à ronger !), si ce n'est la motivation du couteau à s'agiter devant l'optique de la caméra ? Il ne s'agit pas d'un élément déclencheur mais simplement d'un rapport causal (le couteau est fait pour couper la viande, il est dans le plan, il coupe donc la viande) qui n'apporte rien à l'action. Le film pourrait effectivement commencer par le plan des deux steacks déjà tranchés, cela ne modifirait en rien notre compréhension du reste de la diégèse. Mais la main qui coupe renforce l'image de la Figure qu'on explicitera à la fin (et aussi à la faim). Par contre les complications progressives existent même si ce sont des complications irrationnelles (La découverte par la viande de sa féminité reflétée dans le miroir constitué par un fond de cuiller et la sensation parallèle qu'éprouve l'autre partie pour cette essence féminine). Complications progressives encore lorsque le macho-steack frappe sur les "fesses" de sa voisine et excite ainsi le point de crise. On constate un rapport de cause à effet entre les complications progressives et le point de crise : la belle revêt sa plus belle robe pour la danse. Le partenaire d'une révérence signifie son accord, allume le poste radio (musique diégétique) et fait signe à la damoiselle de s'avancer. La robe tombe, la danse commence. Les préliminaires étant entamées, la partie féminine s'enfuit,( en l'absence de tout élément déclencheur), le but ultime est maintenant le même pour les deux protagonistes,  et nous plonge dans le climax (farine). Le jeu continue jusque dans la farine, lieu du paradoxe propre au climax car si la farine représente l'espace du jeu où la consommation charnelle peut avoir lieu, la farine représente aussi la condamnation de la vie narrative de nos deux steacks et la résolution se finit dans la prévisibilité d'une toute autre  consommation de la chair. Le son est synchrone, congru mais souvent  irréférentiel. La cuiller tombe sur la table et le son est à ce moment synchrone, congru et référentiel. L'incongruescence se met en place au cri du steack. La résolution (dernier plan) rétablit synchronicité, référentialité et congruescence. Nous sommes alors dans un niveau de réalité que nous connaissons. L'absence de congruescence agit sur le référentiel et en change la signification. Globalement, on peut qualifier les sons de référentiels puis ils deviennent de plus en plus incongrus  accusant un abandon du niveau de réalité. La résolution (dernier plan) rétablit une relation SCR qui renvoie à une réalité connue.

L'opposant ne sera démasqué que par ses mains dans une très courte apparition qui fait office de morale irréductible : les steacks sont faits pour passer à la poële. La Figure prend toute son essence dans cette dénonciation de la manipulation par une instance plus haute. 

En l'absence de tout système d'énonciation, le temps filmique est supposé être le présent. D'ailleurs l'image présentifie ce qu'elle donne à voir (comme le soulignerait Christian Metz)  

La musique est en pôle personnage ou narrateur. La polarisation oscille entre pôle personnage et pôle narrateur. La fin est à tous les niveaux en pôle narrateur.

Quant au rapport que l'on pourrait déceler entre l'univers littéraire et le film, l'animation et la personnalisation des objets nous renvoient au monde de la BD. L'extrême découpage (35 plans pour 1 mn, moyenne des plans d'une durée de 1, 5s) caractérise encore le référencement à la planche BD.

Nous constatons l'absence de dialectique personnage principal/ personnage secondaire. Tous les personnages sont au même niveau. Les personnages ne sont pas des humains et pourtant il y a psychologisation des caractères. Les statuts des personnages changent au cours de la montée dramaturgique. Ainsi on constate les évolutions suivantes :

Meneur actif/ menée active

meneuse active/ mené actif

méné passif/ menée passive

Il pourrait donc sembler que le personnage principal est l'être humain dont on ne voit que les mains et qui réduit nos 2 steacks au rôle subordonné de mené passif. Cet actant le moins visible est cependant le plus déterminant dans l'avancée du récit, comparable à cet autre démiurge qu'est le réalisateur ou encore à cet autre déclamé par Platon....allons savoir.

L'absence des 5 piliers nous renvoie à une forte présence de la figure qui devient donc la logique structurante du film. La Figure est certes non objectivable mais la suspension sémique qui intervient dès le début, provoque d'emblée un écart, une brisure à l'intérieur de la continuité logique du discours qui de ce fait nous laisse sentir sa présence. La Figure de style étant un symptôme de la figure, (tout comme l'ombre d'un humain nous indique sa présence), elle n'est effectivement ni quantifiable, ni qualifiable, elle est, simplement.

Au sujet de "Food"

Ce court-métrage d'animation d'une durée globale de 16 mn, réalisé par l'artiste en 1992, met en scène des personnages et des objets réels. La métamorphose de leurs fonctions insuffle ce sentiment d'irrationnalité propre au mouvement surréaliste. Tout fonctionne dans l'objectif de contaminer le sens même de la réalité. Ce décalage est appuyé par l'utilisation des procédés d'animation et de la mise en place des trucages au moment de l'ellipse du changement de plan. Nous ne sommes plus dans la réalité mais plutôt du côté de la métaphysique.

Projection de la première partie : Breakfast

La structure de cette première partie est en fait composée de micro-structures : un personnage entre et utilise le personnage déjà présent dans la salle. A l'issue de ce premier cycle, le personnage qui venait d'entrer se transforme à son tour en machine alors qu'un autre entre et remplace celui qui servait précédemment de machine, et ainsi de suite.... L'ac tion première du personnage interchangeable sert ainsi de processus anaphorique à une base discursive (même si le film est muet !). Lorsqu'un personnage sort, il termine un cycle qui redémarre avec l'entrée d'un nouveau personnage. Ce cycle est inépuisable (on ne peut s'empêcher de songer aux scènes de la relève dans "Métropolis"). Il n'y a bien sûr pas d'élément déclencheur pas plus qu'il n' y a de résolution dans le sens où l'on sait que le cycle ne s'achèvera pas. On (l'instance narratrice) nous le laisse présager en tous cas. Par contre, la durée des cycles s'amenuise, procédant à une espèce d'accélération du rituel et donc du rythme. La symétrie de la gestuelle fait écho sur la structure particulière de cette narration, et vice-versa. On peut donc avancer que cette conception duale qui constitue la grammaire stylistique de "Breakfast" est une autre composante de ce récit, accusée par un montage causal. Le montage rapide accélère cette sensation d'agression que subissent les personnages. On peut même avancer que l'agression est aussi une des composantes structurales du récit.

On constate qu'il est plus ici question de Figure que de trame narrative analysable selon le principe des 5 piliers. Les boucles narratives renvoient à l'enfermement, à l'emprisonnement dans un monde automatisé; cet enfermement se situe sur une base temporelle illimitée. L'absence de ce que l'on appelerait classiquement le début et la fin  exprime un emprisonnement éternel, celui de la condition humaine. Les objets fonctionnnent comme stéréotypes visuels mais ces fétiches ne prennent leur sens que parce qu'ils sont inscrits dans un certain type de relation dégageant ainsi leur symbolique, l'objet importe peu. L'interchangeabilité de la relation maître/esclave pointe clairement la manipulation. Le sens est particulièrement révélée par le montage : causal, dual, agressif et récursif mais on peut aussi admettre que la structure particulière de "Breakfast", alliée au travail signifiant du montage donne au film son système structurel propre d'où j'extrais ma propre signification. Mais je n'exécute cette démonstration que pour les besoins de cet exposé car à vrai dire je refuse ce conditionnement du sens, idéologie dominante tendant à l'uniformisation du monde à travers une connaissance unique. Il ne m'étonne pas que je fasse ici un paralléle avec les sempiternelles identiques chaînes  de magasins que l'on retrouve partout en Europe et qui donne l'impression que partout = pareil. L'unicité, la conformité à un moule économique récurrent, voilà bien les stigmates du capitalisme, schéma que toute oeuvre artistique doit anéantir.

A un niveau extra-diégétique, la Figure nous donne à sentir les difficultés que rencontre le créateur : celles du renouvellement, de la difficulté d'affirmer ces choix esthétiques et, corollairement, celle de la ghettoïsation économique des cinéastes n'ayant pas, hélas pour eux, opté pour le confort du récit traditionnel. L'enfermement de l'homme est ausi celui de l'auteur.

Le son et ses rapports avec l'image

Le verbal

L'absence de verbal prive le récit filmique d'une de ses instances narratives d'où l'importance du montage son et image en matière de modalités discursives. En fait cette gestuelle et les bruits qui en émanent représentent plus une utilisation de codes réduits à leur plus simple expression qu'à un langage à proprement parlé. Ce constat vaudra également pour "Dinner" et "Lunch".

Arrière-plan sonore

L' arrière-plan sonore est constitué de deux pistes sons ne nous parlant pour ainsi dire pas. L'ambiance qu'elles dégagent tendrait plutôt à nous éloigner de l'image. Elles fonctionnent comme sons d'ambiance et rien dans l'image ne les justifie. Ce son n'est pas référentiel, c'est à dire qu'il ne renvoit pas à l'image, ni même, nous pouvons le supposer à un proche hors-champ. Il semblerait d'ailleurs que la musique et l'ambiance urbaine soient extra-diégétiques. Peut on, enfin, parler de congruescence ? Cette partie sonore ne surenchérit pas sur l'information visuelle, elle est indépendante. Comme elle est extra-diégétique, on ne peut ni parler de congruescence, ni d'incongruescence. On peut en déduire qu'un son extra-diégétique est forcément irréférentiel et que l'analyse de la congruescence et de la synchronicité est donc inadéquate. D'ailleurs, un son extra-diégétique est forcément irréférentiel de par son extradiégéticité.  Ceci dit ce "surround" permet tout au moins de renforcer l'impression de continuité  temporelle et même de délimiter une unité de temps. L'une et l'autre de ces pistes lient les plans par leur ambiance.

Les bruitages d'ambiance urbaine renforcent l'aspect irréel. Pourtant, et parce que ses composantes sont identifiables, ce continuum sonore atteste aussi d'une réalité connue de nous. Nous sommes donc manipulés entre réel et irréel.

Les bruits

Les bruits urbains ont été traités ci-dessus, nous n'y reviendrons donc pas.

Les bruitages occasionnent un gain de réalité fort important. Dès le début les bruits sont identifiables comme correspondant à la source visuelle, même si la mouvance de cette dernière semble illogique. Le son synchrone est bien ancré dans une réalité de l'image mais cette réalité étant douteuse, la synchronicité, paradoxalement, amplifie le caractère irréaliste du visuel.

La source sonore se trouve toujours dans le champ. Le grincement de la porte qui s'ouvre est un bruit que nous connaissons tous. Fermons les yeux, nous pouvons identifier ce bruit.  Cette fonction d'attestation du bruitage est loin d'être une règle pour Svankmajer et la même porte dans "The flat" sera associé à un son incongru (une cloche pour une poignée de porte). Cette absence de congruescence a bien sûr une incidence sur notre façon de percevoir le référentiel jusqu'à en changer la signification. Plus globalement, il apparaît évident que le son fonctionne comme une entité narrative à part entière. Il raconte à sa façon et cela est particulièrement vrai dans le cinéma a-narratif et dysnarratif. Il suffit de se référer à l'oeuvre de Mac Laren pour affirmer que le son est un élément constitutif du récit filmique, qui fictionne à sa façon. Nous y reviendrons avec "The Ossuary" de Svankmajer.

Le frottement des chaussures sur le sol étant congru ne bénéficie pas de cette même logique. Il faut voir l'image pour accepter le bruitage associé car le côté fantastique du mouvement nous fait douter du bruitage. Or, le côté incongru vient  de l'image et non du son.

L'iconicité a perdu son avantage inné et le son se fait ici référence. Ceci dit, ce décalage constitue pour le spectateur une phase d'apprentissage et nous devons apprendre à accepter ce mode de déplacement qui est le principe de fonctionnement du film. Les deux éléments, sonore et visuel, finissent par s'équilibrer car le son est référentiel. La chaise s'écartant seule du personnage nous intrigue mais le bruit des pieds de cette dernière frottant le sol nous rassure car il est familier. Comme Svankmajer a respecté la synchronicité du bruitage, l'impression de réalité s'en trouve étoffée. L'importance des bruitages dans "Breakfast" réside dans le fait qu'ils ne font plus qu'un avec l'image et lui donne ainsi une authentification. Bien entendu il s'agit d'une combine dont Svankmajer nous nourrit pour mieux nous induire plus tard dans l'erreur. Ainsi peu à peu les bruitages usuels vont être remplacés par des bruitages de mécanique que revêt une fonction corporelle. L'incongruescence est évidente. Par le bruitage et progressivement Svankmajer nous soumet un homme réduit à une idée de machine, de rythme mécanique, de rouage d'un tout automatisé qui pointe l'absence d'individualisation. Le plan ou le personnage frappe avec sa monnaie sur le crâne du second fait résonner un genre d'écho qui laisse présager du vide qui y règne. Peut-être encore ici plus qu'ailleurs ce bruitage fait sens. On dénote une combinaison SIR. Ce bruit diégétique est effectivement synchrone par rapport à l'image, incongru par rapport à l'image et référentiel par rapport à l'image.

Temporalité

Le temps diégétique

"Breakfast" indique par son intitulé que l'épisode se situe le matin. Nous n'avons aucun indice nous indiquant à quelle heure se déroule la scène. La bande-son nous fait entendre des bruits extérieurs illustrant un trafic de voitures mais cette bande, en décalage par rapport à l'image, ne nous prouve rien. La présence du personnage déjà assis dans la pièce illustre un passé qu'on pourrait presque qualifier de collectif, que les restes sur le sol et la table vont confirmer. Les petits traits sur le mur constituent un indice de même augure.

Nous notons que le personnage B entre et sort du même côté du cadre. Comme la logique de fonctionnement d'un personnage semble identique pour tous les autres, nous pouvons en déduire que le personnage A est entré par la droite car nous le voyons sortir par ce côté. Ce qui est forcément l'inverse pour le personnage B car si chacun fonctionne de la même façon, c'est toujours dans une orientation différente. Ce constat dément la notion de passé collectif, celui des personnages défilant dans cette pièce étant diamétralement opposé.

Admettons que le cadre corresponde à la marque temporelle du présent (car comme le souligne Christian Metz, l'image filmique est toujours au présent). Si les personnages viennent et repartent du même côté (droit pour personnage A, gauche pour personnage B, et ainsi de suite...) nous pouvons en déduire que passé et futur se confondent. Un flash-back ou un flash-forward, équivalents ici, nous le confirmeraient. Lorsque le personnage B quittera la pièce, nous découvrirons un futur diégétique en puissance (une centaine de personnes faisant la queue à l'extérieur) égal au présent (ce que l'on voit) et au passé (situation déjà vécue par les personnages passés dans la pièce). Un avenir bouché en somme, complétement spatialisé car en l'absence des léxèmes spécialisés du verbal (adverbes de temps) l'organisation de l'espace remplace la temporalité linguistique.

Autre court-métrage : "The ossuary"

10 minutes dans un univers macabre qui repose sur un travail au corps à corps entre montage et bande-son (plus particulièrement la partie musicale). Il n'y a pas d'instance narrative mais une Figure fort prégnante, liée sans doute en grande part à la matière iconographique. Le procédé d'animation n'est pas utilisé. Toute la dynamique repose sur le montage rapide mais aussi sur l'utilisation de certains panoramiques qui donnent des plans séquences assez longs. Ce montage est ainsi diversifié car il dépend presque intégralement du phrasé musical. Ici, la bande-son est déclencheur du récit. La dialectique musique-image fonctionne comme un système formel basé sur des règles aléatoires.  Le nombre de plans est calculé en fonction de la valeur de la note de musique l'accompagnant. Une séquence commençant par une noire donnera une image. Si la première note est une ronde, on aura un enchaînement de 4 plans, alors que pour une blanche deux plans s'enchaîneront. Comme nous l'avons dit, la fluctuance du système ne respecte pas toujours ces régles et il semble même ne plus y avoir aucune logique mais plutôt une interprétation complètement subjective du phrasé musical. On peut considérer que le son, situé en pôle narrateur et donc diégétique est synchrone, irréférentiel (car il s'agit d'une musique, n'ayant donc pas un rapport intrinsèque avec l'image). On peut parler de congruescence car il s'agit d'une musique extrêment lyrique et même mystique qui semble effectivement, de par ses variations harmoniques et son rythme, émanée de l'image elle-même.

Cette analyse est à considérer en parallèle de l'exposé "Les structures de récit" auquel elle fait écho.

Catherine Gheselle

Partager cet article
Repost0
18 décembre 1997 4 18 /12 /décembre /1997 17:04
Entretien dans les locaux de Radio Cité Vauban à Lille pour le journal Presto! 

Aujourd'hui, Samedi 18 Mars 2006, Valli reçoit Sylvain Vanot sur France Inter autour d'une émission consacrée à la musique Folk. Sylvain Vanot parle avec beaucoup d'aisance de Bob Dylan. Il a en effet en 2001 consacré au chanteur un livre très complet .  Cela me rappelle que j'ai rencontré Sylvain Vanot  lors de sa venue sur Lille pour la sortie de son album "Egérie". Je connaissais sa musique par le biais du cinéma. Quelques temps auparavant, j'avais flashé sur la bande-son du court métrage de Henri-François Imbert "Sur la plage de Belfast" que Sylvain avait réalisée. Aussi j'étais très enthousiasmée à l'idée de le rencontrer. Bon, Sylvain, tu ne m'as toujours pas envoyée ma photo...

 
Catherine Gheselle

Voir l'article ? Article de Catherine Gheselle hébergé sur Archive-Host
Partager cet article
Repost0
12 décembre 1997 5 12 /12 /décembre /1997 17:08

"Demain ne meurt jamais", le film de la voiture de l'agent 007

Je me plains, je me plains...mais je n'ai qu'à pas aller voir ce genre de film ! Oui mais là, trop c'est trop.

Quand même voir l'article ? Catherine Gheselle

Partager cet article
Repost0
5 novembre 1997 3 05 /11 /novembre /1997 20:13

Article et filmographie de Jan Svankmajer par Catherine Gheselle

Cinéma d'animation, hommage à Jan Svankmajer L'Un (est) l'Autre, journal de liaisons avec les pays d'Europe de l'Est, article sur Jan Svankmajer.

Voir l'article ?  Article de Catherine Gheselle - pdf hébergé chez Archive-Host

 

 

Partager cet article
Repost0
25 octobre 1997 6 25 /10 /octobre /1997 17:27

 

 

Mike Leigh, invité d'honneur du 8e Festival du Film Britannique de Dinard

 

 

En mission à Dinard pour en savoir plus sur ce Festival, c'est également l'occasion rêvée de visionner tous les films de Mike Leigh sur lesquels je travaille alors.


"Deux filles d'aujourd'hui" (career girls) : les retrouvailles d'Hannah et Annic après dix années.


Voir l'article ? Catherine Gheselle

Partager cet article
Repost0