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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 15:33

Je me propose de prendre un peu de temps pour partager ce petit bijou ! Il y a 3 livrets, cela prendra un peu de temps. À suivre donc...

Et paf, prends ça dans ta poire, cinéma 2016 !

#cinema

J'ai recopié tel quel en respectant au mieux la mise en page et les choix d'édition des auteurs.
J'ai recopié aussi les quelques fautes et coquilles.
J'ai pu moi-même produire quelques fautes de frappe, n'hésitez pas à me le signaler.

Voir également :
Le cinéma s'insurge n°2 - états généraux du cinéma
http://cgheselle.over-blog.com/2016/05/le-cinema-s-insurge-n-2-etats-generaux-du-cinema-1968.html

Le cinéma au service de la révolution - États généraux du cinéma n°3 - 1968
http://cgheselle.over-blog.com/2016/05/le-cinema-au-service-de-la-revolution-etats-generaux-du-cinema-n-3-mai-1968.html

En vous souhaitant bonne lecture, Catherine Gheselle

Le cinéma s'insurge - n°1 - états généraux du cinéma by Le Terrain Vague 1968

Le cinéma s'insurge - n°1 - états généraux du cinéma by Le Terrain Vague 1968

Le cinéma s'insurge - N°1 - états généraux du cinéma - Eric Losfeld éditeur - Le Terrain Vague 1968

Le cinéma s'insurge - N°1 - états généraux du cinéma - Eric Losfeld éditeur - Le Terrain Vague 1968

 ÉDITORIAL

 

 

Le cinéma s'insurge n°1 - États généraux du cinéma - 1968


(page 1)

Depuis le vendredi 3 mai 1968 -- la police y aidant -- s'insurger est devenu obligatoire.

LE CINEMA S'INSURGE.

CES TEXTES DOIVENT NOUS SERVIR À PRESERVER DANS LE CINEMA LE SENS DU MOT INSURRECTION.

Contre quoi ?

L'appauvrissement du cinéma français, de ses moyens techniques et financiers, de ses facultés de création, de son public, le sous-emploi de ses travailleurs : ce n'est qu'un seul problème qui appelle des solutions globales.
La recherche de la solution impose un
bouleversement de l'idée que nous nous faisons du cinéma et de sa profession...

LE CINEMA DOIT APPARTENIR AU PUBLIC.

 

...un bouleversement de ses rapports avec le public.
D'ou
UNE RESTRUCTURATION COMPLETE DE SES MOYENS DE PRODUCTION ET DE DIFFUSION.


(page 2)


LE CINEMA DOIT ETRE PRODUIT ET DIFFUSE PAR SES TRAVAILLEURS.
Aujourd'hui, 25 mai, les usines sont occupées; au Quartier Latin, des barricades brûlent toutes les nuits; Lyon, Strasbourg et Nantes sont en émeutes.

TOUT LE CINEMA : LES ETATS GENERAUX.

Depuis le 17 mai, les cinéastes (ouvriers, techniciens, auteurs, producteurs, acteurs, musiciens, journalistes, public, etc.) sans distinction d'emploi ou d'appartenance syndicale, sont réunis en Etats Généraux. Le cinéma se livre à l'éblouissement de la contestation et aux impatiences de la reconstruction. Le cinéma vit dans la fièvre et l'inconfort inévitables et indispensables de cette contradiction.
NOUS AFFIRMONS que toute seolution qui ne tient pas compte de toutes les contradictions inhérentes à l'exercice du cinéma ne peut déboucher que sur la dictature d'une fraction ou l'immobilisme d'une bureaucratie irresponsable.
CES TEXTES SERONT LE TEMOIGNAGE POSITIF DES CONTRADICTIONS QUE NOUS DEVONS INTEGRER pour que se définissent et s'instaurent les conditions d'exaltation de tout de qui fait le cinéma :
TRAVAILLEURS, MOYENS TECHNIQUES ET FINANCIERS, FORCE CREATRICE, PUBLIC.

PLEIN EMPLOI PAR LA PROFUSION ET LA LIBERTE DU TRAVAIL ET DE L'EXPRESSION.

Nous avons assez de confiance dans la communication pour savoir que la libre expression détruit la culture bourgeoise.
Aujourd'hui, 25 mai, nous nous devons de définir les débuts d'un combat.


(page 3)


CE N'EST QU'UN DEBUT, CONTINUONS LE COMBAT.

Sous les faits, nous chercherons la règle. Dans le désordre fécond des confrontations, nous nous sommes engagés vers l'exploration du fond des problèmes. Nous la poursuivrons dans le calme et au-delà du calme.

Aujourd'hui, 25 mai, récit d'un combat.

Le prochain cahier (de revendications) sera consacré aux débats sur les projets de réforme de structures présentés le 26 mai à l'Assemblée générale extraordinaire des Etats Généraux du Cinéma Français.

Ces cahiers s'adressent aux cinéastes (ouvriers, techniciens, auteurs, producteurs, acteurs, musiciens, journalistes, public, etc.). Ils sont ouverts à tous ceux auxquels ils s'adressent.

Ce sont des cahiers de la liberté qui ne s'interdisent que de s'adonner à des polémiques artistiques et de tomber sous le joug d'une fraction.

Que ceux qui veulent que nous poursuivions notre lutte et le récit de nos luttes communes écrivent à


                                                "LE CINEMA S'INSURGE"
                                             Editions "Le Terrain Vague"
                                                    14-16, rue de Verneuil
                                                              PARIS-7e

(Page 4)

                                                  Le début d'un combat

LUNDI 13 MAI

Après plus d'une semaine de révolte étudiante et les barricades de la rue Gay-Lussac, près d'un millon de manifestants défilent de la République à Denfert-Rochereau.
MERCREDI 15 MAI
Création, par 4 jeunes techniciens, de la Commission Cinéma dans le cadre des Comités d'Action de la Sorbonne.
LE CINEMA EST UNE ARME
Depuis le 14 mai, la commission inter-facultés s'attache à assurer des projections. Une cinquantaine de films circulent d'une façon régulière dans quatre centres importants : Sorbonne, Censier, Jussieu, Nanterre. Des projections sont organisées dans différents lycées de Paris et de province, ainsi que dans quelques usines. Les filmsdont nous disposons sont aussi bien des classiques que des films de combat qui n'ont pas toujours un visa de censure.
JEUDI 16 MAI
Les élèves acceptent que l'école devienne le quartier général d'une information permanente par le cinéma, à court et à long terme. Installation d'une salle de projection à l'amphithéâtre annexe de la Sorbonne. Début d'un mouvement de diffusion dans les facultés, les lycées et les usines de Nantes fait démarrer le mouvement de grève. Les directeurs et les cadres sont prisonniers de l'usine. Solidarité étudiants et ouvriers.

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Le cinéma, désormais, est dans la rue
 

(Page 5)

Le cinéma, désormais, est dans la rue - Mai 68 - Etats généraux du cinéma - Blog de Catherine Gheselle

Le cinéma, désormais, est dans la rue - Mai 68 - Etats généraux du cinéma - Blog de Catherine Gheselle

Le cinéma, désormais, est dans la rue - Mai 68 - Etats généraux du cinéma - Blog de Catherine Gheselle

Le cinéma, désormais, est dans la rue - Mai 68 - Etats généraux du cinéma - Blog de Catherine Gheselle

LE CINEMA, DESORMAIS, EST DANS LA RUE.

VENDREDI 17 MAI,12 HEURES.
Le bureau du Syndicat des techniciens de la production cinématographique C.G.T. réunit des réalisateurs, des techniciens, des membres du Syndicat français des acteurs, des élèves de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques et de l'Ecole Nationale de Photographie et de Cinématographie. C'était un bureau syndical élargi. Ceux-ci demandent la participation de professionnels, syndiqués iu non, à une réunion d'information et d'action dans les locaux de leur école de la rue de Vaugirard investie. L'idée s'élargit à la dimension d'une assemblée générale des cinéastes qui sont convoqués à l'E.N.P.C. pour marquer leur solidarité avec les luttes étudiantes et ouvrières, protester contre la répression policière, proposer une action d'ensemble de la profession.
Dans l'après-midi, une autre réunion a lieu au siège du syndicat des techniciens, avec des critiques des «Cahiers du Cinéma», qui sont à l'origine du Comité d'Action Révolutionnaire Cinéma-Télévision. Une décision est prise de fondre les deux mouvements en un seul, de ne pas limiter cette assemblée à une simple consultation des cinéastes mais d'en faire le point de départ d'un véritable mouvement de contestation du pouvoir gaulliste et par là-même des structures actuelles du cinéma français. Les rédacteurs des «Cahiers» proposent alors la dénomination d' «ETATS GENERAUX DU CINEMA FRANÇAIS».

 

                                                COMMUNIQUÉ

I   Le Bureau du Syndicat des Techniciens de la production cinématographique C.G.T. convoque tous les cinéastes et tous les collaborateurs de la profession cinématographique à participer ce soir, à 21 heures, à l'ouverture des assises permanentes du Cinéma, dans les locaux de l'E.N.P.C., 85, rue de Vaugirard, Paris-6°, occupés depuis mercredi 18 heures, par les élèves.
Paris, 17 mai 1968, 14 heures.

II  Considérant qu'un Cinéma et une Télévision libres n'existent pas dans l'état actuel, considérant qu'une infime minorité d'auteurs et techniciens ont accès aux moyens de production et d'expression.,
considérant qu'à tous les niveaux et que pour toutes les catégories professionnelles du Ciném des changements décisifs s'imposent,
considérant qu'aujourd'hui le cinéma a une mission capitale à remplir et qu'il est baillonné à tous les niveaux dans le système actuel,
les réalisateurs, techniciens, acteurs, producteurs, distributeurs, critiques de Cinéma et de Télévision, résolusà mettre fin à l'état des choses présent, ont décidé de convoquer les Etats Généraux du Cinéma français.
Nous vous invitions tous à participer à ces Etats Généraux dont la date sera précisée ultérieurement.

Le Comité Révolutionnaire Cinéma - Télévision.

Le soir même plus de mille personnes se réunissent à l'E.N.P.C. Comité d'Action Révolutionnaire, C.G.T., jeunes et anciens techniciens incontrôlés, Cinéma, Télévision, techniciens, réalisateurs, vieux routiers, jeunes enragés, des critiques, des jeunes producteurs, personne ne représente personne, chacun à sa voix, égale à toute autre. on en attend l'éclatement des structures sclérosées du cinéma.

(Page 8)
VENDREDI 17 MAI -- (Suite).
Film tourné par les ouvriers de Renault dans les usines de Boulogne-Billancourt.
Puisque les étudiants et les ouvriers savent que le cinéma est une arme.
Très violemment, dès les dix premières minutes de la première séance de la première assemblée générale, la contradiction fondamentale qui caractérise la situation actuelle (image et tactique de la révolution) s'est révélée en plein cinéma. En même temps, l'impatience de l'action immédiate s'imposait.
Formés à réfléchir avant d'agir nous découvrions comment l'action et la réflexion se nourrissaient l'un l'autre par une confrontation dialectique immédiate. Le cinéma entre dans le MOUVEMENT.

1° PROPOSITION CONFORME A LA LOGIQUE DE LA SITUATION
-- Vote du principe d'une grève pour investir les moyens de production. Désir d'étendre l'action aux ouvriers du cinéma. Arrêt immédiat dans certains studios.

2° PROPOSITION CONFORME A LA DYNAMIQUE DE LA SITUATION
-- Investissement du C.N.C., considéré comme un point de non-retour.
Cet investissement du C.N.C. se présentait à beaucoup comme une opération folle et exemplaire, semblable à la «prise de l'Odéon» par les étudiants de Censier.
Cette proposition n'a pas été retenue, mais depuis le 17 mai, cet acte refoulé, qu'on en parle ou qu'on le taise, va souvent perturber la conscience des Assemblées Générales.

3° PREMIERE ACTION DIRECTE :
                                             L'AFFAIRE DE CANNES;

I. -  «L'Assemblée d'information et d'action du cinéma français, rassemblant le 17 mai 1968 plus de mille professionnels, réunis à l'Ecole Nationale de Phototgraphie et de Cinématographie de la rue Vaugirard, investie par ses élèves depuis le 15 mai, demande à tous les réalisateurs, producteurs, distributeurs, acteurs, journalistes, membres du jury, présents à Cannes, de s'opposer, en collaboration avec leurs homologues étrangers et par les moyens qui leur sont propres, à la continuation du Festival afin de montrer leur solidarité avec les travailleurs et les étudiants en grève, de protester contre la répression policière et d'exprimer par là leur volonté de contester le pouvoir gaulliste et les structures actuelles de l'industrie cinématographique» (17 mai, 22h).
II. -  «Le Festival de Cannes est arrêté. Le cinéma entre en lutte contre le pouvoir gaulliste. En signe de solidarité avec les mouvements étudiants et ouvriers, le cinéma a réuni ses Etats Généraux depuis le 17 mai et a déclaré par voie de presse son intention de déclencher une grève générale pour toute la production cinématographique. Les cinéastes, journalistes, producteurs qui se trouvent à Cannes retirent leur participation au Festival. Nous refusons d'être les moyens d'un abrutissement général au service d'une société capitaliste que nous remettons en question. Nos objectifs sont ceux de tous les travailleurs actuellement en lutte. Nous voulons la réorganisation des moyens de production et de distribution, la suppression des censures; nous voulons faire le cinéma libre d'un peuple libre».

(Page 10)
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                                      Flashback à propos de Cannes

13 MAI.
A la demande de la majorité des critiques présents, le Festival s'arrête pour vingt-quatre heures. Dans la matinée, des étudiants et lycées cannois et niçois encadrés par des responsables de l'U.N.E.F. se réunissent devant le Palais. L'après-midi, un producteur, des metteurs en scène et journalistes participent à la manifestation de Nice. Quelques autres sont restés pour participer à celle de Cannes.
16 MAI.
Convoqués par Jean-Louis Bory, des journalistes se réunissent pour adopter une ligne de conduite face aux évènements. On discenerne déjà les tendances qui s'affronteront : quitter le Festival ou le réformer. Une troisième tente de se dessiner : donner son sang pour les blessés.
18 MAI.
Le malaise, entre-temps, s'est aggravé. Les films, exception faite de la Semaine de la Critique, sont projetés dans l'indifférence. A dix heures trente, dans la petite salle Jean-Cocteau doit se tenir une réunion du Comité de Défense de la Cinémathèque. En fait, et normalement, l'Affaire Langlois cède le pas à une actualité plus pressante (dont par certains côtés elle a été le prélude). François Truffaut dit son étonnement de voir en d'aussi graves circonstances le Festival continuer comme si de rien n'était et c'est le Festival lui-même qui est mis en cause. Si l'avis général est à peu près unanime (il faut arrêter le cours normal du Festival), l'opposition continue de se préciser enctre ceux qui veulent purement et simplement arrêter et ceux qui, les uns sincèrement, les autres plus ou moins hypocritement, rêvent d'un transformisme plus ou moins révisionniste.
A midi, Jean-Luc Godard propose que l'on occupe la grande salle, ce qui est fait. Au fur et à mesure que la salle se remplit, on vit dans l'attente de deux nouvelles qui seront déterminantes pour le cours ultérieur de l'action entreprise. La première est la décision du Jury qui délibère sur son retrait éventuel. Au terme de cette délibération, Louis Malle annonce que lui-même, Monica Vitti, Roman Polanski et Terence Young ont démissionné. La seconde est le retrait des films par leurs metteurs en scène et producteurs : Carlos Saura, Alain Resnais, Jan Nemec, Milos Forman, Claude Lelouch (deux films), Salvatore Samperi, Richard Lester et, dans la foulée, Mai Zetterling. Cette attente est meublée par un certain nombre d'interventions plus ou moins violentes (avec ou sans micro). Certains pensent en toute bonne foi mais un peu utopiquement qu'il serait possible de transformer cette salle en un équivalent de la Sorbonne ou de l'Odéon. D'autres veulent s'en tenir à des réformettes du genre «supprimons les noeuds papillons» -- bon prétexte pour continuer à faire des affaires. Aux deux extremités on trouve :
1° Le point de vue révolutionnaire de M. Thévenet, déguisé en enragé, et qui veut assurer contre la montée du «fasisme» la continuation d'un Festival à grenouillage libre. Il sera épaulé dans son action par M. Cosne avec lequel il tentera de former une Section Spéciale pour éliminer les agitateurs. MM. Weil-Lorac et Bercholz les rejoindront.
2° Le point de vue de ceux qui pensent que, quoi qu'il en soit ultérieurement, rien ne sera possible tant qu'un coup d'arrêt ne sera d'abord donné : la fermeture pure et simple du Festival. Sur ces entrefaites, une première déclaration de Favre-Lebret qui apparaît sur la scène : le Jury s'étant reconnu, suite aux démissions, dans l'incapacité de remplir ses fonctions, le Festival, désormais, cesse d'être compétitif.
Le public, qui a continué d'entrer dans la salle, réclame la projection prévue (Peppermint frappé, de Carlos Saura, avec Géraldine Chaplin). L'atmosphère devient houleuse. Les opoosants continuent de se regrouper sur la scène. Un mot d'ordre : empêcher la projection. Une bousculade violente se produit. Godard perd une fois de plus ses lunettes. Le film commence. Tous s'accrochent au rideau. Quelqu'un dans les coulisses, arrache les fils du son. Géraldine Chaplin se débat durement et sainement contre un contradicteur qui l'insulte. La projection doit s'arrêter. La lumière se rallume.
Favre-Lebret, peu après, vient faire une seconde déclaration. Les projectionsde l'après-midi et de la soirée n'auront pas lieu. Les manifestants des deux bords évacuent la salle avec plus ou moins de bonne volonté. La discussion reprend dans la salle Jean Cocteau.
Au cours de celle-ci, les tendances s'affrontent avec plus de vigueur que jamais, car Favre-Lebret a indiqué que l'interruption n'était que momentanée et que les projections reprendraient le lendemain, sur la base de la non-compétition, et dans la mesure où les producteurs n'interdiraient pas la projection de leurs films.
Une arme est périodiquement brandie par les partisans d'une continuation plus ou moins hypocrite du Festival, et cette arme, c'est le respect que nous devons à nos amis étrangers invités par la France à la manifestation. En fait, il s'agit d'une manoeuvre désespérée des producteurs (appuyés par certains critiques) pour projeter leurs films, quoiqu'il arrive, et continuer leurs affaires. Il se trouve que cette arme est régulièrement désamorcée par un certain nombre de ces mêmes amis étrangers qui, critiques ou réalisateurs, se joignent très volontiers au mouvement de protestation (et certains, dont Carlos Saura, de façon particulièrement méritoire). Sans parler des délégations venues là au titre de la Semaine de la Critique et dont aucune ne manquera de prendre une position saine.
Cette semaine de la critique pose d'ailleurs un cas, dans la mesure où son action, purement désintéressée, marginale et éducative, pourrait être par certains dissociée du mouvement général de grève et de protestation pour des raisons apparemment (ou réellement) généreuses, mais qui n'en représentent pas moins un grave danger, car la moindre faille dans le mouvement risque de stopper celui-ci (et de laisser, même par la bande, le champ libre à un certain commerce).
Vers 19h30, la séance est interrompue pour des raisons nutritives. Au cours de cette interruption, deux événements essentiels. Une délégation conduite par Henri Chapier se rend auprès du secrétariat général pour imposer la transformation de la salle en enclave libre de discussion. Ceci est paternellement octroyé par m. Favre-Lebret qui, plus malin que le recteur Roche, sait céder sur certains points (fût-ce pour des raisons douteuses) afin de ne point provoquer d'explosion. Une seconde délégation, formée de trois producteurs, vient de son côté, faire machine arrière. Reniant les engagements pris dans l'après-midi, ils donnent à nouveau leur autorisation de producteurs pour que les films soient projetés.
La séance reprend à 21 heures. Le ton bientôt monte encore. Le débat se centre rapidement autour de deux positions, avec l'inévitable intermède de la défense de nos amis étrangers. Cela ira si loin dans le ridicule que (outre l'intervention de critiques étrangers qui devront remanifester leur solidarité avec nous) Carlos Saura devra intervenir de nouveau pour demander avec beaucoup d'humour qu'on ne fasse pas de lui un martyr.
Notre position (celle de la grève totale)voit le nombre de ses partisans s'amenuiser. La vigueur de leurs interventions n'en est pas moins efficace.
La seconde position est un appel doucereux à la «raison». Il se trouve des critiques syndiqués qui veulent bien faire grève à condition de travailler et qui veulent bien arrêter le Festival à condition de voir leurs films.
Après des heures de ce genre d'affrontement, un groupe se réunit pour essayer de concilier les deux points de vue. Il n'en sortira qu'une vague motion de solidarité qui ne satisfera personne.
19 MAI
Le matin, nouvelle réunion dans la petite salle. L'atmosphère est au désarroi, car les fanatiques de la continuation se rendent compte, que déjà, tout est en train de s'arrêter.
Dernières interventions de quelques critiques et réalisateurs présents.
A midi, suite à une dernière déclaration de Favre-Lebret qui s'estime dans l'incapacité de poursuivre le Festival, celui-ci est clos.
Sur la terrasse, on commence à descendre les drapeaux.
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REVUE DE PRESSE :
«LE FIGARO» (sic).

«Dans la petite salle baptisée Jean-Cocteau, les Enfants de la Cinémathèque tiennent une séance dont le pretexte officiel est l'examen des problèmes posés à Langlois par le nouveau statut de cet organisme. Ils ne tardent pas à parler d'autre chose. Et décident que le Festival doit prendre fin. Jean-Luc Godard, François Truffaut, et Claude Lelouch sont chargés de transmettre la nouvelle à l'Assemblée des Cinéphiles mondiaux.

Samedi midi.
Le trimuvirat accueilli par un auditoire houleux suggère l'occupation de la grande salle et l'instauration d'un débat permanent. Albicocco et la majorité des personnes présentes semble hostile aux orateurs sans que soit mis en cause le principe envers les revendications populaires.

Midi trente.
La vedette italienne Monica Vitti, que l'on sentait un peu nerveuse, répond à la convocation d'André Chamson, car elle fait partie du Jury. Un peu plus tard, elle se joint à Louis Malle, Roman Polanski et Terence Young, démissionnaires. Le Jury constate alors qu'il n'est plus en état d'exercer ses fonctions. Il en fait part à Robert Favre-Lebret, délégué général.

Quinze heures
Après avoir pris l'avis du conseil d'administration =, Favre-Lebret vient dans la salle et d
emande que l'on considère l'aspect international de la manifestation. Il propose que soient présentées les oeuvres étrangères, sans compétition. Echange d'invectives dans le public. On tente de projeter Peppermint frappé. Godard et Truffaut s'accrochent au rideau pour l'empêcher de s'ouvrir. Le rideau les entraîne. Les plus enragés des Enfants de la Cinémathèque menacent alors de mettre le feu au Palais. Les producteurs, qui étaient restés relativement calmes dans la journée, se mettent en colère.

Dimanche matin.
Tentative des producteurs pour organiser une projection en filtrant les entrées. Les membres les plus éminents de la profession, MM Weill-Lorac, Bercholz, Francis Cosne, assurent eux-mêmes la police et, formés sur deux rangs, vérifient les cartes d'entrées.
Midi
Le comité décide que le Festival est définitivement clos.
Impression finale.
Amertume et rancune chez les industriels du film qui s'estiment trahis par un jeune cinéma dont ils ont fait le succès.» Louis CHAUVET

«JOURNAL DU DIMANCHE»
Article de Michel Aubriant,

«Cette effervescence, il faut bien le reconnaître, ne dépasse jamais le stade du folklore et du chahut de potaches. Les motions de protestation de la «vieille garde" des producteurs,délibérant dans les salons d'un palace, transis de peur à l'idée que de jeunes ogres allaient croquer leurs privilèges, n'apparurent pas plus sérieuses. Les gens de spectacle aiment à se donner en spectacle. Il y avait une part de «cinéma» dans tout cela...»
Par la dérision, l'assimilation aux potins de commères mondaines, M. A. assimile le cinéma à ce qu'il voudrait qu'il soit.
«...Nous avons assisté au dernier des Festivals de Cannes. Balayé par les évènements, le Festival, déjà malade de vieillesse, ne s'en relèvera pas, à moins d'un miracle. Nous avons assité probablement à l'une des dernières compétitions internationales de cinéma. Il y a deux ou trois ans que Venise ne représente plus rien. Berlin n'est pas à l'abri de troubles provoqués par les amis de Rudy le Rouge..."
Dans une contradictoire incohérence, le microbe bourgeois valorise en pleurant ce qu'il tournait en dérision. Il espère par ce tour de bonneteau jouer les accusateurs.
«...Les grands bénéficiaires de la faillite des festivals seront les producteurs américains, qui les ont toujours boudés, se refusant à y envoyer leurs films de prestige. Cannes, en une soirée, avait créé Lelouch et Lester. Les futurs Lelouch et Lester peuvent attendre. Ils sont condamnés désormais à de longues années d'oscurité...»
M.A. par une fausse analyse de la situation, tente d'écraser ses adversaires sous des complexes de culpabilité. On dirait du Pompidou.

«LE MONDE»
«Cannes, 20 mai. Dimanche, à midi, le vingt-et-unième Festival de Cannes a été officiellement clos. Après vingt-quatre heures de discussions, de controverses, de querelles et même parfois de violences
Depuis le lundi 13 mai, un malaise pesait sur la manifestation cannoise. Ce jour-là, les projections avaient été suspendues à la demande de l'Association française de la Critique, qui s'était solidarisée avec le mouvement universitaire.
Ce malaise allait brusquement s'accentuer dans la matinée du samedi 19 mai, à l'occasion de la conférence de presse donnée par le Comité de Défense de la Cinémathèque. En effet, dès l'ouverture de la séance, certains réalisateurs français parmi lesquels Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Lelouch, Jean-Gabriel Albicocco, Claude Berri, Jean-Louis Richard, faisaient part de la résolution adoptée la veille par les «Etats Généraux» qui avaient rassemblé un millier de professionnels à l'Ecole de Photographie et de Cinématographie de la rue de Vaugirard. Conformément à cet appel, Louis Malle donnait sa démission de membre du Jury. Cette démission était bientôt suivie par celles de Monica Vitti, Roman Polanski, Terence Young et Serge Roullet ( ce dernier, membre du jury des courts-métrages). Peu après, Alain Resnais, Michel Cournot, Dominique Delouche, l'Espagnol Carlos Saura, les Tchèques Milos Forman et Jan Nemec, le Britannique Richard Lester, l'Italien Salvatore Samperi, ainsi que Claude Lelouch et François Reichenbach, dont le long-métrage sur les Jeux Olympiques d'Hiver devait être projeté à la séance de côture, retiraient leurs films du Festival.
Il est évident que, d'une manière ou d'une autre, le Festival de Cannes ne pouvait pas ne pas réagir aux évènements actuels. En définitive, l'essentiel est que les affrontements passés de l'ordre artistique à l'ordre politique n'aient pas été plus graves.
Etant donné les circonstances, ils auraient pu le devenir et c'est pourquoi il fallait interrompre le Festival.» Jean de Baroncelli et Yvonne Baby.
 

(page 19)

 

«...Faites la grève. Occupez vos lieux de travail dans l'ordre et la discipline. Une tâche immense nous attend...»


18 MAI.
Grève illimitée du Studio Saint-Maurice (Le cerveau de Gérard Oury).
A l'assemblée générale, nous discutons encore des modalités pratiques de l'arrêt du travail, quand un ouvrier des plateaux de Saint-Maurice annonce que le studio a débrayé.

LES ETATS GENERAUX S'ORGANISENT.
Création de Commissions de Travail
1.   Fonctionnement interne des Etats Généraux.
2.   Action extérieure.
3.   Enseignement (obsession de l'unité de la profession).
4.   Cinéma - Télévision (obsession de l'unité des fabricants d'images et de sons).
5.   Information.
6.   Contestaion (pour tenter de redécouvrir les problèmes que nous avons trop vécus et les offrir à l'imagination créatrice).

PRINCIPES.
Les commissions sont ouvertes à tous. Un noyau constant responsable en assure la continuité, sans président désigné.
Il s'agit de fuir le compartimentage professionnel, la bureaucratie. Le cinéma avait été étouffé par le cloisonnement, les luttes fragmentaires. C'est de cela qu'il fallait se débarasser d'abord. Bien sûr, cela démarra dans la pagaille et il nous fallait réinventer une discipline de la liberté.
                                        Paris, le 19 mai 1968.
«L'Assemblée générale extraordinaire du Syndicat des Techniciens de la Production Cinématographique, réunie le 19 mai à la Bourse du Travail, lance un ordre de GREVE ILLIMITEE; La profession cinématographique dans son entier se trouve depuis longtemps dans une situation dramatique. Les événements actuels se développent avec une rapidité foudroyante. Il est de notre devoir à tous de prendre des mesures d'urgence.
Les étudiants de l'E.N.P.C. de Vaugirard, les étudiants de l'I.D.H.E.C., le personnel de la Radio-Télévision Scolaire sont mis en grève et ont occupé leurs locaux, les studios sont en grève, le Festival de Cannes a été interrompu, ainsi que la plupart des réalisations en cours, les réalisateurs de l'O.R.T.F. se sont mis en grève.
TOUS   doivent prendre nettement conscience du caractère d'extrême gravité de la situation       présente et comprendre que l'ordre de grève illimitée ne s'en tient pas à des revendications traditionnelles, mais implique une réelle remise en cause des structures désormais sclérosées dans lesquelles nous travaillons.
TOUS doivent prendre nettement conscience qu'il ne s'agit pas de manifester superficiellement un simple mécontentement.
TOUS doivent prendre nettement conscience qu'à la minute présente, le véritable et seul avenir de notre profession, c'est chacun d'entre nous.
Faites la grève.
Occupez vos lieux de travail dans l'ordre et la discipline.
Une tâche immense nous attend.
Les Etats Généraux du Cinéma sont proclamés.
Nous vous appelons à y participer.»

F.S.G.- C.G.T. - SYNDICAT DES TECHNICIENS DE LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE

19 MAI

Grève illimitée lancée par le Syndicat des Techniciens du Film.
En avance sur bien d'autres consignes syndicales limitées aux «revendications traditionnelles», ces consignes ont le courage de reconnaître que le travail cinématographique est indissoluble des conditions dans lesquelles il s'exerce. Contester les «structures désormais sclérosées», c'est prendre une position politique.
Le syndicat a frappé un coup : c'est au dispositif mis en place le 17 mai d'en être l'écho amplificateur.
Les Etats Généraux reprennent la ligne définie par le Syndicat, en précisent l'orientation, en radicalisent la position dans l'ordre du jour suivant :
Nous, cinéastes (auteurs, techniciens, ouvriers, élèves et critiques), sommes en grève illimitée pour dénoncer et détruire les structures réactionnaires d'un cinéma devenu marchandise.
Nous ne cesserons notre lutte que responsables et gestionnaires de notre profession.
                                                                                                                 LES ETATS GENERAUX
                                                                                                                 DU CINEMA FRANÇAIS

                                                                    


Les Etats Généraux veulent considérer ce communiqué comme ladéfinition du

PREMIER POINT DE NON-RETOUR
Une telle position met en cause les structures du cinéma telles qu'elles nous ont formés.
-- Décision prise d'agir directement auprès des projectionnistes (appartenant à sept syndicats) pour les inciter à la grève.
-- Arrivée des festivaliers de Cannes. Les réalisateurs confirmés qpportaient les avantages et les inconvénients d'une autre expérience. L'équilibre des Etats Généraux s'en trouva menacé puis modifié

20 MAI
-- Institution de la Commission de Dérogation, permettant le tournage des films concernant les mouvements étudiants et ouvriers ou les négociations sur le Vietnam.
-- Quadrillage des salles de Paris par trois cents personnes afin d'inciter les projectionnistes à la grève.
Des groupes sont formés pour aller dans quarante-cinq cinémas de Paris. Ils vont se heurter à l'isolement des projectionnistes, divisés en syndicats multiples.
Nous avions rêvé d'arrêter totalement le cinéma, de tarir la «source aux taxes». Nous avons échoué.
-- Le syndicat avait décidé la réunion des techniciens par catégories professionnelles. Dans une salle de la rue de Solférino, à la réunion des réalisateurs, la nécessité s'impose d'aboutir rapidement à la définition des structures nouvelles de notre profession. A cette réunion, une procédure est improvisée.
Dès le lendemain, des groupes d'études se forment.

21 MAI.

-- Réunion du Syndicat C.G.T. des projectionnistes.
-- Motion de soutien à l'O.R.T.F. sur l'impossibilité d'assurer l'objectivité du JournalTélévisé.
-- Création d'un Comité de Liaison Cinéma-O.R.T.F.

RAPPORTS CINEMA - TELEVISION.

Désir d'unité et de coopération au-delaà de la situation imposée par le monopole d'Etat de la Télévision. LE C.N.C. REVIENT A L'ORDRE DU JOUR.
Pour de bonnes raisons, nous n'avions toujours pas occupé le C.N.C. Jean Rouch, venu en Assemblée générale, nous a donné l'exemple des chercheurs occupant le Centre National de la Recherche Scientifique. L'Assemblée a jugé que les cinéastes n'étaient pas dans la même situation que les chercheurs. Et pourtant le C.N.C. :

___________________________________________________________________________

Les mécanismes du régime ou la diminution incontrôlable

Dix ans de stabilité et de démocratie pratique, dix ans de liberté. C'est éblouissant. On comprend que quelques hommes de gauche, après des analyses déchirantes, rendues parfaitement ambiguës par une dialectique molle, aient fini par penser qu'ils pouvaient sans remords se rallier à ce régime. A quelques nuances près, nous étions libres. Il était difficile de prétendre que nous ne l'étions pas. Ce gouvernement libéral offrait des médailles à qui les «méritait»...


     «...Deux violentes explosions ont fait sauter en éclat des centaines de vitres...»

...faisait gratter les murs de Paris et allait à la messe. On organisait la Biennale de Paris et allait à la messe. On organisait la Biennale de Paris et les Jeux Olympiques et on distribuait aux champions -- sous forme de récompense -- la Légion d'honneur. La fondation Maeght et les Maisons de la Culture  conviaient l'art à la même grande kermesse sous l'égide de M. Malraux. Le Théâtre de France faisait, dans l'avant-garde, le jeu du «nouvel» ordre républicain. Un art officiel cautionnait ainsi une politique; il était peut-être libre, mais l'information, elle parfaitement conditionnée, ne l'était pas. Pendant 3 600 jours, un fantastique marché commun d'auto-satisfaction mobilisait à la fois les membres du gouvernement et les frères bénédictins de cette information.

     «...Les C.R.S. ont attaqué puis ont été repoussés à deux heures du matin...»

Il faut reconnaître -- en essayant un instant de s'identifier aux aristocratiques personnalités qui gouvernaient, en essayant d'analyser leur sens de l'histoire et de l'éternité (mots qui justifient toutes les formes de royauté) -- que le pouvoir qu'ils maintenaient n'était pas autre chose que l'expression permanente de la «vérité» conditionnant une «liberté» officielle. Mais cette vérité était la leur, et il était impossible qu'elle puisse se confondre avec la liberté. Car c'est seulement à partir de la liberté qu'on peut déboucher sur la vérité -- et l'inverse n'est pas vrai.

   «...Nous voyons énormément de voitures de pompiers et de voitures de la Croix-ROuge guidées par le service d'ordre. A Lyon, les policiers chargent les étudiants en hurlant. A Paris, il y a un autre secteur, rue de Poissy, où les étudiants se retirent après avoir lancé des pavés...»

De ce fait, les opposants n'étaient plus que des abstractions, des trublions et, pour ajouter une nuance de réalité, manifestement (sic) de la chienlit.


   «...Enfin, il y a plus grave : il y a des éléments qui recherchent l'agitation et la provocation et qui n'appartiennent absolument pas au monde étudiant...»
                                                                                                                     Georges Pompidou.


Il était impossible de rendre compte du Centre National de la Cinématographie sans avoir au moins esquissé la trame de cette insidieuse machine à diminuer l'individu dans ses droits et dans sa personne. En partant de ce Centre, on comprend que ce schéma qui précède ne pouvait être qu'une vaste antichambre de toutes les transactions monopolistes à l'image m^me d'un Etat bourgeois, et finalement se définissait comme une maison de presse. Entre la carte (obligatoire pour toute personne voulant faire du cinéma) et les diverses commissions (en majorité composées de fonctionnaires obéissant à la morale du capital et de l'Etat), le cinéaste se transformait en un dérisoire courtisan tributaire de tous les réseaux financiers, des intrigues indispensables, des syndicats eux-mêmes, qui n'échappaient pas à la dialectique brute du «maître et de l'esclave». Vous étiez accueilli parfaiteùent, investi d'un pouvoir passager très vite récupéré par le circuit : le Centre n'était qu'une banque, d'où l'art était pratiquement exclu.

   «...Il est extraordinaire que, dans de telles circonstances, nous n'ayons pas à déplorer de morts. Et c'est là le mérite des forces du maintien de l'ordre.»

Il aura fallu la révolution des étudiants pour qu'un mouvement irréversible se soit déclenché ( que de vagues réformes ne sauraient freiner) pour que le cinéma s'insurge, pour que tous les gens du cinéma se rencontrent et s'unissent et, d'un commun accord, détruisent ce Centre qui symbolisait entre autres le despotisme bienveillant du gaullisme, son accueillante tyrannie, son libéralisme sanglant, aveugle...
Le Centre National de la Cinématographie est mort. Enfin ! Il n'y aura plus, autant que possible, de privilèges, ni de diminution incontrôlables. Les Etats Généraux du Cinéma en sont la preuve vivante.

 

                                   Comment se débarasser du C.N.C. ?

Dans un élan d'enthousiasme, l'Assemblée affirme que le C.N.C. n'existe plus. Certains ont trouvé que c'était trop facile à dire, qu'il fallait voter, et que chacun devait s'engager personnellement en signant la motion. Il n'a pas été facile de se mettre d'accord sur ce texte de motion. On s'est longtemps battu sur la présence du mot «actuel» :
--  nier l'existence du C.N.C.
ou
--  nier l'existence du C.N.C. dans ses «structures actuelles».
Les «révolutionnaires» s'opposaient aux «réformistes».

NEGATION DU C.N.C.
Les Etats-Généraux du Cinéma Français sonsidèrent que les structures réactionnaires du C.N.C. comme abolies. En conséquence, ils décident que son existence, sa représentativité et ses réglements ne sont plus reconnus par la profesion. Les nouvelles structures de notre profession devront naître des Etats Généraux.
A l'issue de l'Assemblée du 21 Mai 1968, nous signons et invitons l'ensemble de notre profession à se joindre à nous pour témoigner de ce fait.
LES ETATS GENERAUX DU CINEMA FRANÇAIS REUNIS A L'ECOLE DE PHOTOGRAPHIE ET DE CINEMATOGRAPHIE.

Il faut couper les amarres

Et pendant ce temps, le Pouvoir est dans la rue ! Le cinéma s'insurge n°1 - Etats généraux du cinéma - Mai 1968

Et pendant ce temps, le Pouvoir est dans la rue ! Le cinéma s'insurge n°1 - Etats généraux du cinéma - Mai 1968

Négation du C.N.C.
Quel devait être le sens de la signature demandée ?
-- S'engager à boycotter les services de M. Holleaux jusqu'à ce que «quelque chose» soit changé ?
C'était peu !
-- Ou bien à les boycotter jusqu'à ce qu'on ait fait table rase ?
-- Huit millions de travailleurs sont en grève.
-- Emeutes «incontrôlées» au quartier Latin.
-- Les députés parlent beaucoup à l'Assemblée Nationale.
-- Sous la pression diligente de tous ceux qui veulent que ce qui se passe dans les pays ne soit pas inutile au cinéma.
Le texte de déchéances du C.N.C. a recueilli plus de 400 signatures à ce jour.

LISTE DES 385 PREMIERES SIGNATURES.
(Plus de cent suivent dans notre n°2).
Jean-Gabriel Albicocco, Danièle Anezin, Hélène Arnal, S. Abaza, Jean-René Albertin, Edmond Agabra, François Aubry, Neus Aiguaviva, Maguy Alziari, Adolfo Arrieta, Philippe Ancelin, N. Abramovici, Pascal Aubier, Jacqueline Audry, Denis Amar, Bernard Aubouy, René Allio, Jacques Aumont.
C.L. Belin, Antonin Berg, Charles Bitsch, Alain-Yves Beaujour, Dominique Bloch, J. Brinot, Jacques Baratier, Philippe Bardinet, Juan-Luis Bunuel, Jean Becker, Alain Bret, Alain Bertrand, A. Blaise, Jean Boffety, Gérard de Batista, Yves Boisset, Daniel Berger, Claude Berri, Philippe Bordas, Bachot, Michel Braticevic, Suzanne Baron, Jeanine Boubil, Serge Bard, Pierre-Richard Bré, Noël Burch, Lise Beaulieu, Simone Baruchowitz, Geneviève Bastid, Catherine Biette, Gérard Boidin, Claude Bourgoin, Pierre, Beuschot, Boucat, Charles Buffat, Daniel Bertrand, Didier Baussy, Françoise Boschet, Michel Berny, Jean-Denis Bonan, Marc Blavet, Jean-Bernard Bonis, Antoine Bonfanti, Jean-Claude Bonfanti, Charles Bretonnèche, Denis Berry, John Berry, A.-M.Berreby, Claude Burel, Anne Beuchot, Guy Bernard, Ch. Brabant.
Nicolas Cahen, Guy Cavagnac, Claude Chabrol, Maurice Cohen, Serge Com, Elvire Chévenot, Alix Combe, René Couderc, Claude Camus, François Chavanes, Dominique Cheminal, Janine Cordier, Jean Chayrou, Armand Chemana, Jean-Yves Coïc, Patrice Chauvez, Robert Chazal, J.-Louis Comolli, Michel Cournot, Philippe Condroyer, André Cortines-Clavero, Alain Cavalier, Bernard Chaouat, Marie-Françoise Cohen, Jean Chapot, J. Coulet, Annie Chevallay, Evangéline Calmel, Guy Cgabanis, Bernard Cohn, Henry Chapier, Christian de Chalonge, Françoise Carré, Monique Clémenti, Bernard Clarens, Laurent Condamin, Maurice Cury.
Richard Dembo, Catherine Debaut, Paula Delsol, Delphine Desfons, Sylvain Dhomme, Chantal Durand, Jean-Marie Drot Jr, Yan Dedet, Brigitte Dornes, Olivier Doat, Jacques Doniol-Valcroze, Philippe Durand, Michel Delahaye, Georges Derocles, M.-A. Debril, Jean Dewewer, Georges Dumoulin, Jean Douchet, Martin A. David, Antoine Duhamel, Guy Devart, Michèle Dalbin, Thierry Derocles, Michel Demoule, Daniel dezard, Chantal Delattre, Pierre-Henri Deleau, Cécile Decugis, Anne Dubot, Philippe Dufaur, Pierre-Alain Dornes, Josette Druet, Catherine Deneuve, François Dupont-Midy, Louis Daquin, J.-M. Estève, Denis Epstein, A. Enod, Bernard Eisen schitz, Robert Enrico, Jacques Espagne, Harry Fischbach, Henri Fabiani, Pauline Fraisse, B. Fabry, Jacques Frankel, Jean-Jacques Faure, Agathe Fournier, Jean-André Fieschi, Etienne Fauduet, Peter Foldes, R. Foulon, Samy Frey, Charles Garcia, Christian Gion, Jean Gauron, Serge Ganzl, Georges Goldfayn, Pierre Gauge, Philippe Gosselet, Marceau Ginezy, Pierre Guilbert, Raymonde Guyot, Henri Graziani, Daniel Gaudry, Gérard Guérin, Philippe Garrel, Elizabeth Gasquet, Jacques Gaillard, Francine Grubert, Francis Girod, Olivier Gérard, Pierre Goupil, R. Grange, Michel Gast, Michèle Gard, Alain Gheerbrant, Guy Gilles, Pierre Goldenberg,
Lucienne Hamon, Kouki Hoffenberg, Marcel Hanoun, Régine Hayem, Philippe Haudiquet, Colette Harel, Luc-Michel Hannaux, Alain Hennequin, Djellouli Hamid.
Danielle Jaeggi, Alain Jomy, Alex Joffé, Pierre Jallaud, Claude Janetti, Alain Jacquier.
Gilles Katz, Georges kiejman, Jacqueline Korolitski, Jérôme Kanapa, Peter Kassowitz, Pierre Katz, Marin Karmitz, Liliane Korb.
André S. Labarthe, Francis Leroi, Elvire Lerner, J. -Claude Lesauvage, Robert Lapoujade, Pierre Lhomme, Aline Lecomte, Jean Lods, Patrice Lecomte, Anne Lafarge, François Lafarge, Nicole Lubtschansky, G.Linden-Meyer, Pierre Lefort, Irène Lhomme, Jean-Patrick Lebel, Lucie Lichtig, René Lichtig, José Lichtig, Pascal Laverrière, Jean-Michel La cor, Lina Lorme, Roger Letellier, Christiane Lack, Catherine Lapore, Jacques Lévy, Pierre Lavie, Yves Lafaye, Jean-Paul Le Chanois, Robert Luchaire, Jean-Claude Laureux, Lartigue, Atahualpa Lichy, Martine Loubet, Christian Ledieu, Yann Le Masson.
M. Marchand, François Migeat, Emmanuel Machuel, Marc Monnet, Clément Menuet, Miski, Jean Mazeas, Christian Monge, Jean Magis, Sophie Menuet, Jacques Mondolini, Fernand Moskowicz, Annie Merlin, François Menny, Mario Marret, Robert Mazoyer, François Maistre, Jean-Pierre Mocky, Catherine Mazoyer, Marcel Martin, Michel Mardore, Mahias, Louis Malle, Claude Martin, Paul-Louis Martin, Luc Moullet, Max Monteillet, A. Marco, Agnès Molinaro.
Bruno Nuytens, Roland Noury, Edouard Niermans, Jean Narboni, Claude Nedjar, Ruy Nogueira, Dominique Noguez.
Claude Otznberger, J. Odoul.
Eric Pluet, Alain Pillet, François Porcile, Ziva Postec, Raymond Picon-Borel, Robert Pouret, Christian Pelle, Michel Patient, Jean-Paul Potonet, Nathalie Perret, R. Prandini, Jacques Panigel, M.-Claire Patris, Jean-Daniel Pollet, Gérard Poitou, Jean-Pierre Petrolacci, Philippe Révert, Sylvie Pierre, Paul Paviot, Marco Pico, Arnaud Petit, Olivier Pierre, François Protat, Marie-Angèle Protat, Georges Pierre, Francine Pierre, Yves Robert, Charlet Record, Alain Resnais, Anne-Marie Roy, Elizabeth Rappeneau, Jacques Renard, Jean-Louis Rochot, Renée Richard, Jacques Rozier, Éléna Roulet, Ortrud Roch, Jean-Paul Rappeneau, Jacques Rivette, Jacky Raynal, Henri Raichi, Serge Roullet, Marie-Geneviève Ripeau, Jean-Marc Rippert, Richard Rein,
Rozenbaum, J. Resnikow, Renon, Henri Roux, Catherine Rabrin, Eric Rohmer, Jacques Robert.
J. Stirling, Michel Salmon, Eric Savoyaud, Jaime Semprun, Louis Seguin, Simonnet, Hélène Sautereau, Guy Saguez, Serge Stanrod, Suzanne Schiffman, Daniel Szuster, Bernard Soulié, Martine Stracuzzi, Noun Serra, Georges Sénéchal, Jean Silve, Sonia Salvy, Jean Salvy, Claude Sautet, Georges Strouve, Jean Schmidt, J.-F. Stévenin, Barbet Schroeder, O. Stressinet.
Sophie Tatischeff, Louis-Thomas-d'Hoste, Tronel, Philippe Theaudière, Guy Teissere, Nadine Trintignant, Jocelyne Triquet, Didier Tarot, Tessier.
Pierre Uytterhoeven.
Paul Vecchiali, Anne Vogler, Henri-Pierre Vincent, Jean-Daniel Verhaeghe, Jean Venard, José Varela, Jean-Pierre Vergne, Véron, Marcel Varier, Claude Vajda, Dominique Villain, Gérard Vergez, Valero.
Lacques Wagner, François Weyergans, Jacques Witta, Francis Warin, Gilles Walusinski, André Weinfeld, André Waks.
Nicoletta Zalaffi, Claude Zinga, Allan Zion, Bernard Zitzerman, Michel Zimbacca.

Le poids de ces noms fait du texte de la motion de déchéance du C.N.C. le

DEUXIEME POINT DE NON-RETOUR


22 MAI.

Nos camarades italiens attendent impatiemment que nous ayons des idées.

                                                                                    Rome, le 22 mai 1968.
«Le comité exécutif de la Fédération des Cinéastes Italiens, qui réunit la majorité des techniciens, des artistes, des opérateurs du cinéma et de la télévision italienne, du théâtre et de la musique, fait part de sa solidarité dans la lutte que mènent les travailleurs français, et en particulier ceux du spectacle, et apporte son soutien à la demande de liberté et de renouveau exprimés par le peuple de la nation voisine.
Le comité exécutif de la S.I.L.N. déclare suivre avec intérêt les efforts dans cette direction et attend avec impatience les idées qui en découleront. La participation toujours plus large des masses populaires conduit à un renouveau profond des structures culturelles du spectacle en France.
Le comité exécutif affirme son entière solidarité aux travailleurs du spectacle et leur donne l'assurance qu'ils sont prêts à examiner ensemble les rapports de la collaboration de la S.I.L.N. avec tous les travailleurs français en lutte pour le renouveau radical de la vie culturelle et artistique du pays.
Le comité exécutif invite les organismes dirigeants du syndicat du cinéma, de la télévision italienne, du théâtre et de la musique à prendre des décisions en vue de manifester la solidarité des travailleurs italiens du spectacle.

                                                                         
                                                            CINEMA - TELEVISION
                                 ___________________

Ces deux machines à fabriquer et diffuser des images sont divisées sur les modes de travail, les salaires. Ces divisions ont créé des bloquages psychologiques difficiles à surmonter.

Il est donc important que la volonté d'unité se consolide.
La Commission Cinéma -Télévision prend de l'importance.

 

MOTIF DE SOUTIEN AUX CAMARADES DE L'O.R.T.F.

Après informations apportées par nos camarades de l'O.R.T.F. en grève, nous prenons acte de l'impossibilité dans laquelle ils sont d'assurer l'objectivité du JOURNAL TELEVISE, qui, avec les mêmes hommes, les mêmes structures et les mêmes cadres, tente de donner l'illusion de sa propre libération. En conséquence, les Etats Généraux du Cinéma déclarent se porter solidaires de toute initiative qui permettra de porter à la connaissance de l'opinion publique le fait que, quelles que soient les apparences, le Journal Télévisé est et demeure un journal strictement gouvernemental.

                              Motion des camarades de l'O.R.T.F.

Le comité de grève des réalisateurs de TV rappelle que ses buts de grève restent définis par la plate-forme revendicative du communiqué intersyndical du dimanche 19 mai.
La reprise du travail sera subordonnée à la satisfaction des points suivants :


A) Le gouvernement s'engage publiquement à déposer sur le bureau de l'Assemblée avant le 1er octobre un projet de loi abrogeant la loi portant création de l'O.R.T.F. et la remplaçant par une nouvelle loi garantissant au nouvel établissement son autonomie financière, son indépendance à l'égard de toute pression politique et la participation des professionnels à sa gestion. Cette loi devra contenir une charte de l'Information réglementant les rapports du nouvel établissement, dans ce domaine, avec le gouvernement, d'une part, et les partis politiques, d'autre part.
B) Démission de l'actuelle Direction et du Conseil d'administration.
C) Constitution démocratique d'un Comité de Direction paritaire provisoire ayant pour mission :
     1°  d'assurer le fonctionnement de l'actuel Office,
     2°  d'élaborer avec tous les intéressés la future organisation de l'établissement et, dans       l'immédiat, de mettre en discussion des conventions collectives destinées à donner satisfaction   aux revendications des diverses catégories professionnelles.
    3°  de veiller à l'objectivité de l'information.

 

                Seconde Motion des camarades de l'O.R.T.F.
 

                                                                                                                                                                                          Le 23 mai 1968.

Le comité de grève des réalisateurs de la Télévision Française veut dire son indignation à l'actuel gouvernement pour la
mesure prise officiellement ce jour, qui interdit à M.Cohn-Bendit l'accès du territoire français.
Au moment même où l'Assemblée Nationale vient de voter l'amnistie à l'unanimité, en un temps où le mouvement étudiant a fait la preuve de sa responsabilité et de son importance, le comité de grève des réalisateurs T.V. proteste contre l'évidente provocation du pouvoir qui vise à séparer les uns des autres, ouvriers et étudiants, solidaires dans leurs revendications.

                                                                                                                     SYNDICAT FRANÇAIS DES
                                                                                                                     REALISATEURS T.V.
                                                                                                                     PAS. 43-49

Affiche "Le cinéma s'insurge" - Mai 1968 - Etats Generaux du Cinéma n°1

Affiche "Le cinéma s'insurge" - Mai 1968 - Etats Generaux du Cinéma n°1

Communication d'un briseur de grève.

JAUNE
télévision du Trouble
Psychodrame de la Nation
Catharsis
Emissions purgatives
Tribune permanente de l'inconscient collectif
Video partout
En direct avec tous
Unité de l'image dans le chaos
Emissions du hasard

Décadrez vos images pour faire place à l'irrationnel !

Provoquer la «sensibilité errante» du spectateur
Construire la trajectoire audio-visuelle
conduisant au point de non-retour
de la contestation
Et surtout ne plus chanter l'intersyndicale
26 Mai 1968

Télégramme d'un réalisateur sans importance collective.

 

23 MAI.
Les producteurs commencent à rôder dans la cour de l'Ecole de la rue de Vaugirard. Un des plus téméraires se glisse jusqu'à la tribune de l'Assemblée générale.
Francis Cosne n'a renouvelé ni ses «idées» ni son vocabulaire. Les plus lucides ont vu apparaître le cadavre d'un certain cinéma.

24 MAI
Nous recevons l'appel suivant :

        CINEASTES, QUE FAITES-VOUS
        POUR LA REVOLUTION ?


        L'état insurrectionnel vous a permis d'amorcer votre révolution professionnelle.
        Que faites-vous aujourd'hui pour la révolution ?
        Il est URGENT de prendre conscience de la nécessité absolue de mettre au service
        de la révolution tous les moyens qui sont les vôtres.
        Nous devons soutenir les grévistes.
        IL FAUT projeter des films dans les usines, cela sur une très grande échelle
        IL FAUT diffuser les documents filmés pendant les manifestations dans les entreprises,
        les lieux publics, les cinémas.
        D'autres actions sont également urgents. Dans ce but, nous vous invitons à prendre
        contact avec les comités d'action ouvriers-étudiants Censier.
        (rèunions tous les soirs à 20 heures).

        Le Comité cinema inter-facultés.

 

Oui, le Cinéma est une arme !    

        LE GROUPE INFORMATION-CINEMA A L'ODEON.
        Un groupe de jeunes accomplit une action parallèle à celle des Etats Généraux du Cinéma.
        Dans une petite salle située dans les combles du Théâtre de France, ils centralisent un
        matériel 16 mm fourni par des cinéastes (professionnels et amateurs), parfois remarquable-
        ment équipés. Ils ont formé ainsi huit équipes de reportage toujours prêtes a filmer l'évène-
        ment à Paris, Nantes, Strasbourg, Lyon, etc. Les rushes sont centralisés puis montés. 
        Terminés, ils seront projetés partout où ce sera possible en dehors des circuits normaux et
        même dans la rue. Ce groupe de jeunes reçoit chaque jour la visite de nombreuses person-
        nes (techniciens, cinéphiles, etc.) désireuses de discuter des problèmes de cinéma.
        «Nos tracts, ce seront nos films. Nous luttons pour un cinéma indépendant et libre, qui soit
        du vrai cinéma. Pour l'instant, il ne s'agit que d'un cinéma d'action objectif; d'action, parce
        qu'il servira à la Révolution. Quel que soit le gouvernement au pouvoir, nous voulons
        garder cette ligne.»
   

        Refusant toute forme d'organisation (ne parlons même pas du C.N.C.), ils sont à l'extrême
        d'un mouvement de négation totale de toute structure, y compris les Etats Généraux du
        Cinéma.

-- Pendant que les groupes d'études tendent de réglementer la liberté du cinéma.
Tous les jeunes cinéastes autour des Etats Généraux ou ailleurs jouissent de la liberté du cinéma.
-- La commission réalisation nous communiquera le 26 mai l'état de ses travaux.

       REALISATIONS ENTREPRISES DANS LE CADRE DES ETATS GENERAUX

      
Dés la création des Etats Généraux et le début de la grève du Cinéma, une intense activité
       cinématographique «parallèle» est apparue, regroupée à l'intérieur de la commission
       Réalisation, dont voici un bilan provisoire au 25 mai :

Bonn (11 MAI)
Tournage terminé, copie de travail disponible. 16 mm.
Paris (Manifestation du 13 Mai).
Tournage terminé. 16 mm
Mai.
Tourné du 20 au 24 mai. Copie prévue pour le 29 mai. 35 mm.
Assemblée Nationale
Tournage : 21-22 mai. Raccords à faire à Censier et avec les ouvriers. 16 mm
Actualités révolutionnaires
Tourné à partir des 21, 22 et 23 mai. 16 mm
Cheminots
Tournage à partir du 20 mai. 16 mm
Bretagne (Brest - Quimper)
Tournage : 24-26 mai (terminé). 16 mm
Nantes - Saint-Nazaire
Tournage 2° équipe (terminé). 16 mm
Nanterre - Citroen
Tournage : 22-24 mai. 16 mm
Sorbonne.
Tournage : 22-24 mai. 16 mm
Banc-Titre REPRESSION
Tournage à partir du 22 mai (terminé). 35 mm.
Interview.
Tournage les 13,20,24 mai. 16 mm.
Besançon-Sochaux.
Tournage du 22 au 26 mai.
Grève RENAULT
Tournage du 22 au 26 mai.35mm
Flins
Tournage à partir du 24 mai. 16 mm
SIMCA
Tournage à partir du 24 mai. 16 mm.
Prise d'armes.
Tournage prévu, 16 mm.

Par ailleurs, d'autres tournages sont en cours, mais leur recensement est difficile.

(page 40)

-- Nous recevons des appels de cette sorte :

Université de Paris
Faculté des Lettres
et Sciences Humaines
Centre Censier
13 rue de Santeuil
Paris-V°
                                                                                             Paris, le 24 mai 1968

Le comité de coordination de Censier fait un appel urgent aux Etats Généraux du
Cinéma. Ses besoins en médicaments, papiers et vivres sont impérieux.
 

Toujours l'Unité Professionnelle : Cinéma et Enseignement - Le cinéma s'insurge - Les états généraux du cinéma - N°1

Toujours l'Unité Professionnelle : Cinéma et Enseignement - Le cinéma s'insurge - Les états généraux du cinéma - N°1

(page 42)

APRES TESSONNEAU (*), QUOI ?

Considérer l'enseignement cinématographique comme un phénomène en soi est précisément la plus grande erreur de ceux qui s'en sont occcupés jusqu'ici en France et ailleurs. Cependant, afin de dégager quelques lignes de force, tant critiques que constructives, c'est la tactique que nous allons adopter d'abord ici.

Première constatation : depuis quinze ans bien peu de réalisateurs de réelle envergure ont été «formés» par l'I.D.H.E.C.
Deuxième constatation, corollaire de la première : l'I.D.H.E.C. est tenu par la vaste majorité de la profession dans le même parfait mépris où les peintres tiennent l'école des Beaux-Arts.

Pour certains, ces deux constatations conduisent à reconsidérer les structures de l'I.D.H.E.C. ( réforme du concours et des examens, création d'une école commune, etc.). Pour nous, elles conduisent au contraire à reconsidérer le principe même de l'enseignement audio-visuel, principe qui pour beaucoup de cinéastes, et non des moindres, est sans aucune validité.

Ici, deux données essentielles : moins que tout autre, le cinéma n'est un art figé -- ses techniques, son langage sont en évolution constante et tout indique que cette évolution ira en s'accélérant. Leur enseignement, sauf dans les domaines purement technologiques, ne saurait prendre la forme de l'information transmise. Les hiérarchies de la salle de classe sont ici parfaitement inadaptées. Seuls des groupes d'études, de caractère coopératif, gérés par des cinéastes et leurs élèves, formés autour de professionnels en activité et ayant conscience de l'évolution de leur art et de ses techniques peuvent fournir un cadre dynamique où pourront se nourrir les vrais talents de demain.

Nous disons bien groupes d'études au pluriel. Car l'autre donnée, qui nous paraît essentielle, est de fournir la plus grande variété possible de voies d'accès aux professions cinématographiques, non seulement dans un souci simplement démocratique, mais surtout pour que chaque individu puisse trouver, selon son âge, son degré de maturité, la nature et l'urgence de sa vocation, etc., un cadre approprié où s'initier au cinéma, tant en ce qui concerne la lecture des films que leur fabrication. Car il tombe sous le sens, pour qui a enseigné, qu'il y a aujourd'hui des garçons et des filles de 19 ou 20 ans qui, au terme d'une année intensive de mise en présence avec les problèmes fondamentaux de l'art et de la technique cinématographique dans sa dynamique réelle, seront déjà prêts à se passer de l'encadrement, forcément un peu artificiel, de leurs maîtres (au sens noble), pour affronter les réalités du métier, achevant leur apprentissage «sur le tas».

D'autres, au contraire, sentiront le besoin de poursuivre cet apprentissage «in vitro» dans les tournages et d'autres travaux pédagogiquement orientés pendant une, deux, ou même trois années supplémentaires. En tout état de cause, les rapports des jeunes aspirants avec leur aînés devront être si étroits que le passage de «l'école» à «la profession» pourra s'effectuer d'une manière parfaitement naturelle lorsque, d'un commun accord, le moment sera mûr. Ainsi pourra être enfin réalisé le principe d'un cinéma et d'une télévision vraiment démocratiques faits pour tous et par tous, tant sur le plan collectif que sur celui de la sensibilité individuelle.
Une refonte totale des concepts fondamentaux de la formation aux arts techniques audio-visuels dépend d'une restructuration du complexe cinéma-télévision.
Mais qu'on ne vienne pas nous dire qye nos projets sont utopiques (**).
Bien entendu, ils ne seront réalisés à l'échelle que nous leur voulons que lorsque nous aurons bouleversé radicalement la société française.
Mais de tels groupes d'études peuvent très bien fonctionner dans notre France provisoire : il suffit d'un Institut de Cinéma Libre.

(*) Rémy Tessonneau est l'actuel directeur de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques.

(**) Utopie : description d'une situation qui n'existe pas -- mais cela ne veut pas dire qu'elle soit irréalisable.

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«La commission de l'enseignement des Etats Généraux du Cinéma Français, siégeant cet après-midi dans les locaux de l'I.D.H.E.C. et réunissant des élèves et des professeurs de l'I.D.H.E.C. et de l'école de Vaugirard ainsi que des professionnels du Cinéma et de la Télévision, a décidé la création d'une école unique de l'enseignement audio-visuel.»
Paris, le 21 mai 1968.

25 MAI.
-- De Gaulle va parler.
-- Les commissions d'études travaillent dans l'acharnement et le secret.
-- la C.G.T. appelle à manifester dans le calme en plusieurs points de la capitale et dans les villes de province.
-- Au quartier Latin, des barrages «incontrôlables» éclatent depuis plusieurs soirs.
Les organisations étudiantes appellent à un grand rassemblement à la gare de Lyon.
-- Les Etats Généraux se trouvent de nouveau devant les conséquences des rapports ambigus qui se sont établis, depuis le début de l'insurrection, entre les étudiants et les syndicats ouvriers.
 

                                 Les Etats Généraux et les rapports
                                         Etudiants - Syndicats


COMMUNICATION AUX ETATS GENERAUX DE L'UNEF ET DU S.N.E.-SUP.
Renouvelant son soutien aux travaux des Etats Généraux du Cinéma, l'U.N.E.F. et le S.N.E.-Sup. tiennent de nouveau, à l'occasion de l'assemblée générale extraordinaire de ce soir, à souligner l'importance de l'unité des travailleurs et des étudiants dans leur lutte commune.
La participation nombreuse des travailleurs du Cinéma à la manifestation de vendredi contribue à donner à celle-ci son véritable caractère : la lutte pour une transformation radicale du système.
C'est dans cette perspective que l'U.N.E.F. et le S.N.E.-Sup. vous appellent à manifester nombreux lundi prochain.
Pour le Bureau national de l'U.N.E.F., Jacques Sauvageot, Pour le bureau national du S.N.E.-Sup : Alain Geismar.


SYNDICAT DES TECHNICIENS DE LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE C.G.T.
«Le Conseil syndical du Syndicat des Techniciens de la Production Cinématographique C.G.T., dans les conditions d'extrême urgence présentes, prend et communique les positions suivantes :
-- Il s'élève contre la fascisation des forces policières couvertes et organisées par le gouvernement.
-- Il s'élève contre la confusion volontaire établie par le ministre de l'Intérieur assimilant la lutte étudiante à des mouvements politiques précis et à la pégre.
-- Il exprime sa solidarité totale à l'U.N.E.F. et à toutes les organisations syndicales qui la soutiennent dans la lutte qu'elle mène contre le pouvoir.
-- Il demande à toutes les organisations syndicales et à tous les partis politiques de prendre position contre la répression des étudiants et que ceux-ci soient soutenus massivement dans leur lutte actuelle.«
                                                                                                                  Paris, le 25 mai 1968.
 

 

Etats généraux du cinéma - Le cinéma s'insurge - N°1 - La pancarte des Etats Généraux du cinéma

Etats généraux du cinéma - Le cinéma s'insurge - N°1 - La pancarte des Etats Généraux du cinéma

La lecture de cette motion est applaudie. Les craintes de conflit sont apaisées. L'Assrmblée générale proclame :
Les Etats Généraux du Cinéma, d'accord avec les positions définies par le Syndicat des Techniciens les soutiendront sans réserve.

-- Dans l'après-midi, les techniciens syndiqués ont été rejoindre les manifestations de la C.G.T. 200 autres camarades sont partis en cortège de la rue de Vaugirard, pancartes en tête, pour rallier le rassemblement étudiant de la gare de Lyon.

-- Quand le rassemblement s'est ébranlé, après que les manifestations syndicales se sont dispersées dans le calme, les forces du désordre ont attaqué rue de Lyon la tête de la manifestation étudiante.

-- Alors a commencé une longue marche dans les quartiers populaires de la rive droite.
 

-- La Bourse des valeurs a brûlé.

-- Les camarades du syndicat ont individuellement rejoint dans le cortège étudiant la pancarte des Etats Généraux du Cinéma Français. Les cortèges du 29 mai ont donné raison à cette volonté d'union.

-- Dans la nuit, barricades au Quartier Latin, où montent quelques «enragés» des Etats Généraux.

28 MAI (matin).
-- Un camarade de la commission information a été matraqué par les C.R.S.

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                       Dernier appel pour l'Unité Cinéma-Télévision

La Commission CINEMA-TELEVISION propose que le texte suivant soit inclus dans le projet final : «Les Etats Généraux du Cinéma demandent la création d'un organisme commun au Cinéma et à la Télévision, composé paritairement de représentants des personnels techniques, artistiques et ouvriers de ces deux branches de l'expression audio-visuelle.
Cet organisme sera chargé de promouvoir le regroupement de l'ensemble de la production audio-visuelle.
Dans ce but, les Etats Généraux proposent :
1° l'augmentation du nombre d'heures d'antenne et la détermination d'un pourcentage minimum réservé à la production nationale de programmes «frais»;
2° la libre circulation des techniciens sur la base d'une harmonisation des salaires et des critères professionnels;
3° la libre circulation des films et des émissions dans les différents systèmes de diffusion.

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                     Dernier appel à l'imagination et à l'exigence
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                                            LE CINEMA C'EST LA LIBERTÉ !


Les Etats Généraux du Cinéma Français témoignent de la prise de conscience intervenue ces derniers jours chez les travailleurs du Cinéma, et notamment chez les jeunes. Ces jeunes cinéastes viennent à une époque où la situation économique du cinéma est plus que jamais dégradée, mais estiment que ce Cinéma n'a pas encore donné tout ce qu'il pourrait donner.

Ils sont de la dernière génération produite par une société française où les contradictions s'exacerbent et, loin de ressentir des divergences d'intérêts avec les générations précédentes, c'est plutôt dans la façon de penser et d'aborder les problèmes qu'ils se distinguent.

Les expériences passées leur enseignent les erreurs à réparer, l'analyse de la situation actuelle leur indique la voie à suivre.

Pour eux, il est clair que le cinéma doit appartenir à ceux qui le font, au service du public. C'est dans la transformation radicale des structures du système actuel que cette exigence sera accomplie. Les aménagements partiels et uniquement quantitatifs ne feront que retarder la mort du cinéma français.

C'est aux cinéastes eux-mêmes de prendre leur destin en main, d'être conscients que l'avenir du cinéma est dans le changement. Sinon les jours de leur métier et de leur moyen d'expression sont comptés.

Quant à eux, face au «chacun pour soi» -- L'individualisme est à tuer, car c'est lui qui tue le cinéma -- les jeunes cinéastes répondent en se groupant, face à une situation économique désastreuse ils cherchent des solutions, face au cinéma narcotique et tranquillisant ils veulent opposer un cinéma de l'éveil et de la contestation, face à l'emprise des puissances d'argent ils opposent la liberté.
                                                                               Le groupe CINEMA - LIBERTÉ;
                                                                                                   

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                                               TÉMOIGNAGE

« J'ai été arrêtée par des C.R.S. le vendredi 24 mai, à minuit. J'étais à bord d'une voiture croix bleue. J'aidais une infirmière à évacuer des blessés dans les hôpitaux. J'étais donc une infirmière bénévole.
Nous avons été amenés au poste de police de la rue de Grenelle. Là, on nous a mis dans une cage grillagée. Nous avons attendu quatre heures. De temps en temps, les C.R.S. apportaient des blessés qu'ils rouaient de coups. Puis un car nous a emmenés à Beaujon. Le gendarme qui était dans le car nous conseilla de descendre vite une fois arrivés et de mettre les mains sur la tête.
Beaujon : c'est un centre de triage. Nous descendons du car, matraquage, puis, entre deux rangées de C.R.S., j'arrive dans un stade entouré de barbelés. J'attends debout sous la pluie. De temps en temps, des cars de C.R.S. déversent hommes et femmes matraqués, gazés, ayant des blessures très graves à la tête, des bras cassés, etc. Les Chinois ou Vietnamiens et les Noirs sont particulièrement traités avec une grande violence. Puis on nous fait passer par des salles, une à une, un à un. Un C.R.S. m'interpelle : « Bouclette, viens ici que je te rase ». Matraque. Un gradé intervient mais la jeune fille qui est avant moi a les cheveux coupés en tous sens. Puis je suis parquée dans une cellule de 2,50 m sur 6. Au bout de cinq heures, nous sommes quatre-vingt. Nous pouvons seulement nous tenir debout. Depuis la grille, je peux voir la cour : un jeune homme passe à moitié nu, il a les jambes lacérées de coup de matraque, il saigne, il se tient le bas-ventre, il urine partout. Un policier se vante de ce qui lui est arrivé. J'apprends par une jeune femme qui était avec lui que les C.R.S. l'ont matraqué jusqu'à l'évanouissement, puis l'ont déshabillé en lui matraquant le sexe jusqu'à ce que les chairs éclatent. Des jeunes filles arrivent; parmi elles, une jeune lycéenne de 16 ans nous raconte qu'elle s'est fait arrêter à Saint-Michel par des C.R.S. Ils l'ont conduite dans leur car et, là, à quatre ils l'ont violée; elle me dit qu'elle s'est laissé faire sinon on l'aurait matraquée et tondue. Ses vêtements sont déchirés, elle est tuméfiée.
Une autre crie car elle a un doigt cassé; elle devra attendre dix-huit heures dans cette cellule avant d'être soignée dans un hôpital puis ramenée dans la cellule.
De nouveau, des arrivages. Tous sont matraqués violemment à leur arrivée, beaucoup ont de graves blessures à la têtes et saignent et boitent. Vers douze heures, nous avons droit à un bout de pain et de jambon et un peu d'eau sale. Les C.R.S. qui se relaient pour nous garder nous humilient.
D'autres jeunes filles arrivent, elles sont tuméfiées, elles sont restées enfermées quatre heures dans les cars, les C.R.S. jetant à l'intérieur des cars des grenades lacrymogènes pour les asphyxier. Dans la cellule, une femme enceinte a été matraquée. Au bout de vingt-cinq heures, nous avons des crises de nerfs, je fais partie de celles-là. On nous libère et on nous matraque à la sortie. Dans le camp barbelé, il y a encore de nombreux arrêtés qui sont là depuis vingt-cinq heures.  Je ne sais pas quand ceux-là vont sortir.
Nous, soussignés, certifions connaître la personne qui vient de signer ce document et déclarons qu'il s'agit d'une personne dont l'honorabilité, le sang-froid et la respectabilité sont au-delà de toute mise en question.
Pierre Kast, Louis Malle, Jean-Daniel Pollet, Claude Chabrol, Jacques Baratier, Paul Paviot, Jacques Doniol-Valcroze, Jacques Rozier, Robert Enrico, Alain Resnais, Roger Vadim, Louis Daquin, Jean-Luc Godard

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Le cinéma s'insurge - Les Etats Généraux du cinéma - N°1

Le cinéma s'insurge - Les Etats Généraux du cinéma - N°1

Ont collaboré à ces textes :
Bernard Cohn, Michel Delahaye, Paula Delsol, Sylvain Dhomme, Pierre-André Dornes, Bernard Eisenchitz, Elizabeth Gasquet, Michel Gast, Georges Goldfayn, Marcel Hannoun, Robert et Catherine Lapoujade, Jean Narboni, Paul Paviot, François Porcil, Anne-Marie Roy, Louis Seguin.

 

ACHEVÉ D'IMPRIMER
SUR LES PRESSES
DES IMPRESSIONS
HARTÉ ET LAMEILLE
12, RUE FLEURY (15e)
LE 15 JUIN 1968

 

 

Dépôt légal : 2e Trimestre 1968

Les livrets suivant seront saisis sous peu.
J'indiquerai ici les liens pour y accéder.

 

Le cinéma s'insurge n°2 - états généraux du cinéma
http://2016/05/le-cinema-s-insurge-n-2-etats-generaux-du-cinema-1968.html
 

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